La lutte contre le campagnol terrestre dans les prairies d’altitude (Franche-Comté, Massif central en particulier) constitue un enjeu majeur pour la sécurité fourragère des exploitations. Le respect des cahiers des charges des filières fromagères sous AOP ou IGP et l’équilibre économique des exploitations sont en jeu. Les estimations faites en zone Comté ont évalué les pertes financières à 10 000 à 25 000 € d’EBE par unité de main-d’œuvre et par an pendant la phase de pullulation (1).
Couplage avec un drone
Depuis les années 1990, de nombreuses avancées ont été réalisées en matière de lutte raisonnée et préventive. L’objectif est de favoriser la présence de renards et de buses par l’implantation de perchoirs et d’arbres au milieu des prairies, de réintroduire des céréales pour casser les galeries des taupes qui facilitent l’avancée des campagnols, et d’accroître l’alternance entre fauche et pâture.

L’application manuelle de rodenticides en phase de très basse densité permet d’écrêter la pullulation de ravageurs sans toutefois empêcher les pics. L’efficacité du piégeage, bien qu’avérée, se heurte à un problème de disponibilité de main-d’œuvre dans des exploitations qui ont grossi. Ces leviers sont d’autant plus efficaces lorsqu’ils sont collectifs, mais ils se heurtent à la difficulté d’une mise en place concertée.
Dans ce contexte, un travail a été engagé par la Fédération régionale de défense contre les organismes nuisibles de la Bourgogne-Franche-Comté (Fredon BFC) avec l’Inrae de Marcenat et VetAgroSup pour robotiser la lutte contre les campagnols. Un premier outil, baptisé « Robocats », a été testé en 2022 à partir d’un équipement de Sabi Agri.
« Le robot est couplé à l’utilisation d’un drone, précise Patrice Prost, président de la Fredon BFC. Celui-ci détecte préalablement les tumuli et les galeries des mammifères. La carte d’infestation de la parcelle est transmise au robot via l’intelligence artificielle, ce qui permet à ce dernier d’insérer des appâts dans les tumuli et galeries là où il faut. »

Cahier des charges à financer
Adapté à la moyenne et haute montagne (pentes inférieures à 30 %), le « Robocats » est aussi capable de poser et de relever les pièges. Une action indispensable pour les exploitations conduites en bio ou situées sur zone de protection des eaux. « La mise à mort des campagnols relevés nécessitera toutefois une intervention manuelle, précise Patrice Prost. Dans un second temps, il sera peut-être possible de supprimer l’étape du drone en équipant le robot de caméra optique. »
Les présentations faites à l’Inrae de Marcenat à la fin de l'été 2022 ont montré que le projet est possible techniquement. En revanche, le coût du cahier des charges destiné aux industriels est un obstacle de taille. 82 000 € sont nécessaires à cette première étape, préalable au développement d’un prototype. Des contacts ont été pris avec le ministère de l’Agriculture.
(1) Selon une étude réalisée en 2014 par la Fredon de la Franche-Comté.