Éleveur de charolaises à Beaumont-la-Ferrière, dans la Nièvre, Vincent Pommery est installé sur 432 ha, et totalise 235 vêlages. Il participe au programme de recherche « Pâturond » déployé par McDonald’s France, le fournisseur de steak haché Moy Park Beef Orléans et la Coopérative Sicarev.

Génisses laitières ou allaitantes

D’envergure nationale et d’une durée de trois ans (de 2022 à 2024), l’expérimentation s’inscrit dans la stratégie « Filières durables 2020-2030 » du restaurateur. L’objectif est d’abaisser l’impact environnemental de ses principales filières d’approvisionnement.

En élevage bovin, il s’agit de mesurer les effets de trois systèmes de pâturage — continu, tournant lent et AMP (multi-paddocks adaptatif) (lire aussi l’encadré) — non seulement sur la séquestration du carbone, mais aussi sur la biodiversité, la rétention d’eau et la valorisation des prairies. Outre des analyses de sol, des mesures d’herbe, des pesées des animaux, l’étude comporte un suivi du bien-être des bovins et de la charge de travail des éleveurs. Dix-sept exploitations, laitières et allaitantes, réparties sur le territoire français, sont impliquées dans ce programme mené avec l’appui scientifique d’Inrae (Clermont-Ferrand), de VetAgrosup et en lien avec l’observatoire national du carbone de l’Institut de l’élevage. Au total, 122 ha de prairies naturelles ou temporaires, pâturées par un lot de génisses de renouvellement (laitière ou allaitante)sont suivis pendant trois ans.

Pas de fertilisation

Depuis le printemps 2022 chez Vincent Pommery, 7 ha de prairies naturelles sont pâturées selon la conduite AMP. Ils ont été clôturés et aménagés en 20 paddocks. Les prés ne font l’objet ni de fertilisation minérale ni d’entretien mécanique ou de fenaison. Quinze génisses de 18 mois, en phase élevage, séjournent 1,5 à 3 jours dans chaque pièce. « Même quand l’herbe est haute, les bêtes cherchent au pied la base végétative restée verte, observe l’éleveur. Elles ne délaissent que l’herbe piétinée et souillée. » L’an dernier, malgré la sécheresse, Vincent n’a pas affourragé ses bêtes. Elles ont eu suffisamment à manger entre avril et décembre. « Dans ces parcelles distantes de 12 km du site d’exploitation, nous avons résolu par l’AMP, le problème d’affourragement estival. »

Seule ombre au tableau : l’astreinte liée aux changements de parcelle. « Dans le cadre de l’expérimentation, précise Vincent, la charge de travail est liée essentiellement aux mesures d’herbe à l’entrée et en sortie des parcelles et aux prélèvements réguliers de biomasse », précise l’éleveur. L’étude réalisée dans le cadre d’une thèse universitaire aboutira en 2025 avec la présentation des résultats.