« Les clôtures peuvent contribuer à lutter contre la propagation de la peste porcine africaine (PPA) », mais elles doivent être « associées à des mesures complémentaires pour une efficacité maximale », révèle l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) dans un rapport publié le 4 décembre 2024.

Ce rapport, qui inclut analyses documentaires et études sur le terrain menées par l’Efsa, a permis d’identifier des facteurs de risques et de protection impliqués dans l’apparition et la propagation de la PPA. L’autorité européenne formule ainsi plusieurs recommandations pour améliorer la gestion du virus.

Les clôtures comme obstacles aux sangliers

« Les clôtures peuvent réduire efficacement les mouvements des sangliers », contribuant ainsi à la gestion de la peste porcine africaine, lorsqu’elles sont « combinées à d’autres méthodes de contrôle telles que l’abattage, l’enlèvement des carcasses et l’infrastructure routière existante. »

Toutefois, leur succès dépend de « la rapidité de leur mise en œuvre, de leur adaptabilité à l’évolution des situations épidémiologiques et de leur entretien régulier ». Les barrières naturelles telles que les grandes rivières ou les zones urbaines peuvent participer à limiter les déplacements des sangliers.

Biosécurité sur les élevages

Cependant, les clôtures ne se suffisent pas face à la peste porcine africaine. D’autres facteurs de risques ont été confirmés par l’Efsa, qui a mené une étude sur 37 exploitations porcines touchées par un foyer de PPA, ainsi que 73 élevages témoins (en Pologne, Roumanie et Lituanie). À commencer par la présence de litière (celle-ci doit être stockée en sécurité), mais aussi l’épandage de fumier autour des exploitations en provenance d’exploitations voisines, en particulier dans les zones où la PPA circule.

La mise en œuvre des mesures de biosécurité adéquates dans les exploitations porcines est essentielle pour prévenir l’introduction du virus.

Des moustiquaires pour protéger

De plus, l’Efsa recommande l’utilisation de moustiquaires dans les fenêtres et ouvertures des bâtiments d’élevage. « Les preuves manquent pour démontrer une relation de cause à effet entre la saisonnalité des foyers de PPA chez les porcs domestiques et le rôle potentiel des insectes hématophages », mais les preuves scientifiques disponibles suggèrent que les mouches et taons exposés au virus « ont la capacité de l’introduire dans les exploitations et de le transmettre au porc ».

Dans les zones où la peste porcine africaine est présente dans les environs, les moustiquaires peuvent fournir « une protection supplémentaire contre l’introduction du virus par l’intermédiaire d’éventuels insectes vecteurs ».

Si les tiques n’ont pas été reconnues comme un des responsables de la propagation du virus dans l’Union européenne au cours de la dernière décennie, « le rôle de certaines mouches piqueuses reste incertain et doit faire l’objet d’études plus approfondies ».

Pas d’effet « clair » de la densité des sangliers

Sur la question de la densité des sangliers, l’étude « n’a pas révélé d’effet clair et cohérent de la densité de sangliers sur l’épidémiologie de la peste porcine africaine ». Citant pour exemple le cas du nord de l’Italie, l’Efsa explique que la densité a eu « une influence modérée » sur l’apparition du virus mais « a contribué à façonner la deuxième vague », tandis qu’elle n’est pas associée à la persistance de la PPA en Lettonie et en Lituanie.

D’autres facteurs tels que l’habitat, le climat et les barrières potentielles affectant la continuité de la population pourraient également jouer un rôle, selon le rapport. Pour mieux comprendre l’impact de la densité des sangliers, des études supplémentaires devraient être réalisées dans d’autres contextes environnementaux et démographiques, ajoute l’organisme européen.

Développer l’immunocontraception ?

Les experts de l’Efsa se sont également penchés sur l’utilisation de l’immunocontraception pour le contrôle de la fertilité des sangliers, et ainsi réduire les populations.

Afin de développer « un vaccin oral sûr et efficace », des recherches supplémentaires sont nécessaires, déclare le rapport. En particulier sur les implications à long terme pour l’environnement, la santé humaine et la faune sauvage.