« Pour concurrencer les tourteaux de soja d’importation, la France doit améliorer la concentration en protéines et la digestibilité de ses tourteaux de colza et de tournesol. Pour cela, elle doit tester des procédés de trituration innovants », rappelait Sylvie Dauguet, chargée d’études chez Terres Inovia, lors d’une conférence le 30 mai dernier. L’institut technique a expérimenté la production de tourteaux expellers de colza et de tournesol. « Avec un objectif pour le colza, de 40 % de MAT, 6 % de matières grasses et 16 % de pellicules retirées et pour le tournesol, de 46 % de MAT, 6 % de matières grasses et 22 % de coques retirées », précise Patrick Carré, en charge du projet.
En combinant deux niveaux de décorticage (55 et 90 %) et autant de teneurs en huile résiduelle (5 et 10 %), Terres Inovia a produit huit tourteaux répondant aux profils recherchés : 4 de colza, 4 de tournesol. Ils ont été confiés à la station expérimentale Arvalis de Ploërmel (Morbihan) qui a mené deux essais : l’un sur une souche de poulets à croissance rapide, l’autre sur une souche à croissance lente. Dans les deux cas, « nous avons cherché à caractériser la digestibilité de l’énergie et celle des protéines », précise Justine Danel, ingénieure en nutrition animale chez Arvalis.
Digestibilités variables
Dans le premier essai, pour un même niveau de décorticage, l’augmentation de la matière grasse n’a pas eu d’impact sur la digestibilité de l’énergie des tourteaux de tournesol. « En tourteau de colza, nous avons enregistré une augmentation. » À niveau égal de matière grasse, le décorticage poussé (90 %) a permis d’améliorer la digestibilité de l’énergie des tourteaux de tournesol. En colza, l’impact n’a pas été significatif. Concernant la digestibilité des protéines, pour un même niveau de décorticage, elle diminue pour les tourteaux de tournesol quand la matière grasse augmente. En colza, « elle est stable pour le tourteau partiellement décortiqué (50 %) ; elle augmente pour le tourteau décortiqué à 90 % ».
Dans le deuxième essai, consacré aux poulets à croissance lente, Arvalis a comparé six tourteaux. « Cet essai a été réalisé avec un an de décalage, rappelle Justine Danel. Nous avons donc relancé une production, à partir des mêmes lots de graines. » À l’arrivée, pour un même niveau de décorticage (90 %), l’augmentation de la teneur en matière grasse a permis d’améliorer la digestibilité de l’énergie des cinq tourteaux. Pour un même niveau de matière grasse, « le décorticage plus poussé a amélioré la digestibilité de l’énergie des tourteaux de tournesol ; pas celle des tourteaux de colza ». Concernant la digestibilité des protéines, en tournesol comme en colza, elle n’a pas varié avec la matière grasse et s’améliore lorsque le décorticage est plus poussé.
(1) Tourteaux obtenus par simple pression des graines. Dits aussi tourteaux « gras ».