Quand Maryse Burgot revient de reportage, elle passe du temps en bottes dans le jardin de sa maison des Hauts-de-Seine : « J’ai un jardinage qui ressemble à celui de ma mère : pas un rapport béat à la nature, mais rude. J’aime arracher les mauvaises herbes, c’est satisfaisant et pour moi une manière de tourner la page. » Depuis plus de trente ans, cette femme menue et déterminée, mère de deux garçons, se rend avec un caméraman et un monteur dans les zones sensibles.
Elle aime toujours « être là où quelque chose de puissant se passe. Rapporter des faits, et essayer de trouver des témoignages qui vont toucher les téléspectateurs ». En Irak, en Israël, en Ukraine, ou auprès des gilets jaunes et des agriculteurs en colère, la journaliste cherche la petite histoire qui raconte la grande Histoire. Elle se dit très fière de travailler pour un journal télévisé populaire, regardé par 4 à 5 millions de personnes.
Avant de devenir grand reporter au 20 h de France 2, Maryse Burgot a grandi en Bretagne, sur la ferme familiale de Bazouges-la-Pérouse (Ille-et-Vilaine). Ses parents, avec 35 ha, ont conduit un élevage laitier puis porcin. Il n’y avait pas de vacances, mais du travail 7 jours sur 7, et quatre sœurs très soudées. Maryse lisait le quotidien Ouest-France et rêvait d’ailleurs. Elle se promettait de partir « voir le monde, et les gens ». Durant ses études de lettres, elle est surveillante puis prépare les difficiles concours aux écoles de journalisme. Elle pensait écrire des articles, mais au CUEJ de Strasbourg la formation en audiovisuel la séduit.
Déclic du grand reportage
Des professionnels qualifient d’impossible sa voix haut perchée. La journaliste apprend à la poser et crée son style, tranché et poignant. Elle a le sens de la formule qui marque les esprits et un ton devenu sa signature à l’antenne. Pourtant, « rien n’a été facile. C’est très dur au début le journalisme en télévision. » À Télématin puis au service des enquêtes et reportages, elle ne laisse pas passer sa chance. « Je dois creuser mon sillon », se dit-elle.
Envoyée en Inde en 1994 pour couvrir une épidémie, Maryse Burgot a le déclic. Elle comprend qu’elle est capable de relater les drames humains, de faire la séparation entre les émotions du terrain et sa propre vie. La reporter apprend à mesurer les risques car « aucun reportage ne vaut de mourir ».
Reporter de guerre et fille d’agriculteurs (04/02/2025)
Cette grande bosseuse a gagné sa place, se vivant comme un transfuge. De par ses racines agricoles, elle comprend que l’humilité est une force. De ses parents bienveillants et très travailleurs, elle a conservé une grande robustesse. « Ils ne se plaignent jamais et m’ont transmis la valeur travail. L’enfance détermine qui on va devenir. Je me sens très Bretonne et fille d’agriculteurs. Si j’écris un autre livre, il parlera d’agriculture. »