Jamais longtemps inactive, Marie-Ange Roy a de l’énergie à revendre. Au début de mars, l’éleveuse montbéliarde rentrait du Salon de l’agriculture, encore enthousiaste des deux jours passés sur le stand de l’AOP Comté. Bilingue (anglais), elle y a reçu l’ambassadrice du Pakistan, des Chinois et de nombreux Parisiens.

« J’aime rencontrer les gens, leur expliquer notre quotidien ainsi que le fonctionnement de nos fruitières. Les urbains sont ravis d’échanger avec nous, les paysans. De notre côté, nous sommes heureux de partager et fiers d’être là. Dans le Comté, nous nous sommes forgés notre destin. Nous vivons dans un bassin laitier, vivant et vibrant. La filière reste terriblement humaine avec un grand H. Chacun peut y trouver sa place. »

Douze ans en Irlande et Nouvelle-Zélande

Après un BTS agricole, cette fille de producteur de lait AOP du Jura a vécu une douzaine d’années à l’étranger, en Irlande où elle a donné naissance à ses trois enfants, puis en Nouvelle-Zélande. En 2008 quand a éclaté la crise laitière, elle y gérait un troupeau de 750 laitières.

« Du jour au lendemain, le prix du lait a chuté de 40 % ! Une telle expérience fouette, forge, forme, analyse Marie-Ange. J’ai appris beaucoup du modèle libéral anglo-saxon, la rigueur technique, économique, et financière. Mais ce qui me manquait c’était le collectif. Quand j’ai lu là-bas un article parlant du partage de la valeur dans la filière du Comté, j’ai décidé de rentrer dans mon pays natal. »

De retour en France, elle achète une ferme à Vevy (Jura), l’exploitation familiale ayant été reprise par son frère. La jeune femme s’implique dans la filière du Comté d’abord dans sa fruitière jusqu’à en devenir présidente. Elle rejoindra également la commission export CIGC (1) mettant ainsi à profit sa maîtrise de l’anglais.

L’an dernier, l’agricultrice de cinquante ans a rejoint les « Amis du Comté », une association qui promeut la filière, ses produits et ses savoir-faire. « Nous sommes tous des passionnés viscéralement impliqués dans l’AOP. Nous formons une grande famille et avons plaisir à nous retrouver lors des animations en France ou à l’étranger. Nous-mêmes ouvrons beaucoup notre exploitation. »

À l’automne 2024, Marie-Ange a animé deux dégustations aux avant-premières du film « Vingt dieux ». Elle a appris à faire déguster le comté, à observer sa texture, son onctuosité, sa palette aromatique. Des compétences qu’elle mettra en œuvre lors des rendez-vous du Comté, des journées festives organisées du 10 au 13 avril.

De nature optimiste, un brin idéaliste, Marie-Ange a gagné de son expérience à l’étranger un supplément de confiance. « Face aux épreuves de la vie, je ne dis jamais que je ne peux pas faire », conclut celle qui a surmonté plusieurs difficultés.

(1) Comité interprofessionnel de gestion du Comté.