Le moteur de la voiture à peine coupé, la meute salue l’arrivée du visiteur. Vingt-cinq beagle-harrier, créancés renards et chevreuils. « Autrement dit, spécialement dressés pour chasser l’un et l’autre », explique Jacky Lebreton depuis le seuil de sa maison, tout en ramenant le calme dans les chenils. Cheveux courts et regard clair, cet éleveur de Moulins-le-Carbonnel, aux confins de la Sarthe et de l’Orne, est « depuis toujours » passionné de chasse. Il détient son permis depuis l’âge de seize ans.

Un troisième mandat

À 57 ans, il vient aussi d’être renouvelé pour cinq ans dans sa fonction de lieutenant de louveterie. « J’ai postulé pour la première fois en 2012, à la suite du décès d’un confrère que j’accompagnais régulièrement. C’est lui qui m’avait mis le pied à l’étrier, donné aussi deux chiens. »

Jacky Lebreton, dont l’exploitation de 130 hectares se situe à cheval sur deux départements, a été nommé par le préfet de l’Orne. Il couvre le massif cynégétique de Bellême et Mortagne-au-Perche, soit une quarantaine de communes du sud-est ornais. Sa mission ? Réguler les espèces susceptibles d’occasionner des dégâts (Esod) et pour cela mettre en place des battues administratives. Comme ses confrères, il assume cette tâche bénévolement.

Plus de cinquante battues

« J’interviens normalement hors période de chasse, quand la direction départementale des territoires — ou un agriculteur — me signale quelque chose. Cela peut être de la prédation “renard” ou bien des dégâts, sur cultures ou prairies. Dans tous les cas, je me rends sur place dans les 24 heures. »

Jacky Lebreton a l’allure d’un sportif aguerri. Sur le terrain, sa réactivité est connue. De fait, « j’agis comme si les dégâts étaient dans un de mes champs », évoque-t-il avec simplicité.

Pour les besoins de sa mission, l’éleveur-louvetier a l’an dernier — de mars à septembre — parcouru 6 000 kilomètres en voiture, des dizaines d’autres à pied et géré plus de cinquante battues administratives, principalement pour du sanglier. À ce rythme, « bien sûr qu’il y faut de la passion mais j’y trouve aussi de la satisfaction et un bon moyen de me changer les idées ».