« Je trouve que notre profession ne communique pas assez. C’est important d’expliquer notre métier d’éleveur, le fonctionnement du pastoralisme et que les gens comprennent pourquoi, sans nous, ils n’auraient pas les paysages qu’ils ont, ni les pistes de ski. Avec l’association « Vars au fil du temps », j’ai pris l’initiative de recevoir des vacanciers à la ferme quand les remontées mécaniques ont fermé durant la période du Covid.
J’ai toujours aimé le contact avec les autres. Même si cela reste une charge, du travail en plus, il y a du plaisir aussi à discuter avec les gens. J’accueille gracieusement, une fois par semaine, pendant la saison de ski. L’office de tourisme de Vars se charge de la communication.
Pour répondre à la curiosité des vacanciers, avec notre groupement pastoral bovin et Vars, nous avons lancé à l’été 2020 une journée à l’alpage. D’une année sur l’autre, cet événement baptisé Vars en fête prend de l’ampleur. Environ 300 vacanciers se sont déplacés jusqu’à nous, le 24 juillet dernier !
Ce jour-là vers 8h00, je suis monté au vallon des Prises parquer les vaches, veaux et taureaux gardés là-haut par le berger. La chambre d’agriculture et l’Office national des forêts avaient des stands d’information. Nous étions cinq éleveurs du groupement, une vingtaine d’anciens tenait la buvette et une quinzaine de Jeunes Agriculteurs des Hautes-Alpes servaient un repas 100 % local (20 € par convive) sur de grandes tables en bois.
Les vacanciers aiment ce type de rencontres. Je n’ai pas le trac, et c’est assez facile pour moi de parler au micro sans préparation écrite. Sur place, je réfléchis à ce que je vais leur dire. A midi, j’ai donc prononcé un discours de bienvenue et rappelé qu’il y a de plus en plus de monde en montagne. Les alpages ne sont pas seulement un beau terrain de jeu, ils représentent du travail. Les randonneurs doivent prendre soin de ne pas piétiner l’herbe et les fleurs, c’est l’assiette des animaux.
Nous les sensibilisons aux problèmes des prédations. Et les gens comprennent que les moutons étant protégés par les chiens, les loups attaquent désormais les vaches. Nos animaux blessés ont triplé en huit ans — cette année on a déclaré 5 mortes et 26 blessées. C’est très stressant pour nous, éleveurs, et je ne vois pas sur le terrain de solution pour les protéger. »