Un support d’évier, une machine pour agglomérer des copeaux sans colle, un plateau de camion qui attend d’être transformé en transpalette. L’atelier de Daniel Clouet, à Miré dans le nord du Maine-et-Loire, est celui d’un passionné. Ici, on ne rivalise pas dans le rangement des outils mais dans l’ingéniosité, l’habileté. Et, rien n’est perdu, tout reprend vie, « d’autant plus vite que je ne sais pas dire non ! » confie, dans un large sourire, le maître des lieux.

Retraité depuis 2021, Daniel Clouet aura soixante-quatre ans à la fin de l’année. Aussi loin que remontent ses souvenirs, la mécanique est là. « J’ai démonté ma première voiture — une Traction Avant — à douze ans. » Trois ans plus tard, élève au lycée de Narcé (Maine-et-Loire), il se forme à la mécanique agricole « bien plus complexe que l’automobile ».

Un élément de patrimoine

La suite ? Elle tient en une rencontre, en 1982, avec Pierre Romet, vendeur et réparateur de matériels agricoles à Gennes-sur-Glaize (Mayenne). Mécanicien, chef d’atelier, chef d’agence : Daniel Clouet a travaillé trente-huit ans dans cette entreprise. Au tout début des années quatre-vingt-dix, son patron lui fait cadeau d’un Massey Harris 20K, « à charge pour moi de le restaurer bien sûr ! ». Le mécano se prend au jeu. De restauration en restauration, il devient collectionneur de tracteurs anciens. Aujourd’hui, ce fin connaisseur en possède une soixantaine, « à l’état concours, en attente de travaux — ce qui me demande à chaque fois 150 heures de travail — ou que je laisse dans leur jus ».

Le plus vieux est un John Deere modèle A de 1946. Les plus récents datent des années soixante-dix. « J’achète uniquement par connaissance et localement. Le John Deere par exemple, je l’ai trouvé à cinq kilomètres d’ici. C’était une occasion à ne pas laisser passer : dans le secteur, il y en a eu très peu de vendus. » Il y a quinze ans, Daniel Clouet a aussi participé à la création de l’Association pour la sauvegarde du matériel du Loir (lire l’encadré). Encore aujourd’hui, il reste l’une de ses chevilles ouvrières. « Tous ces outils de travail font partie de notre patrimoine. Il est important de les faire vivre. »