Le visage ouvert, le regard lumineux, Marion Desbordes est l’une des six assistantes sociales de la MSA qui visitent les agriculteurs de la Haute-Vienne. Elle intervient dans le sud-ouest du département. L’an dernier, elle a accompagné, de façon ponctuelle ou régulière, 148 exploitants et 70 salariés agricoles. Afin d’adoucir les réticences et créer une relation de confiance : « Je m’intéresse vraiment à eux, en parlant d’autre chose avant d’évoquer les problèmes. Je pose des questions sur leurs animaux, leur métier. La curiosité permet une relation différente. Quand on ne connaît pas, on ne peut qu’écouter pour comprendre. » Marion est fille unique et n’est pas issue du monde agricole. Ses parents lui ont transmis une ouverture d’esprit et le sens de l’aide. Une de leurs amies, assistante sociale, lui a parlé de sa profession. Au cours de sa formation et de différents stages, Marion a saisi l’importance de laisser place à la parole de l’autre. Si un agriculteur l’appelle pour une facture impayée, cela peut cacher un autre problème. Elle propose un soutien plus global, par objectifs, ou bien une réflexion en petit groupe. Son but est d’impliquer celui qui doit demeurer acteur de sa vie.

Trouver des solutions

La travailleuse sociale peut orienter une personne en détresse chez le médecin, proposer une aide au répit, un service de remplacement ou faire appel aux pompiers. « Je ne suis pas urgentiste. Quand un décès survient, nous devons être disponibles. J’accueille la tristesse de la famille, et demande : de quoi avez-vous besoin ? » Les violences conjugales sont pour Marion des situations difficiles : « Après l’entretien, je cherche quelles actions mettre en place. Le plus dur est s’il n’y a pas de solution. » Tous les deux mois, avec une psychologue, Marion et ses collègues échangent sur les situations compliquées. L’occasion de dire parfois : « Là, je ne sais plus comment faire » et de passer le relais. Le soir, quand la jeune femme a terminé, le portable professionnel éteint, elle passe à autre chose. « Je vous appelle pour une bonne nouvelle », lui dit un jour un agriculteur qui avait bénéficié d’une greffe de rein, et allait mieux. « En ayant confiance en moi, il a repris confiance en lui », confesse-t-elle.