Enfant, la jeune Marie-Christine regardait sa grand-mère Charlotte positionner un par un les personnages de la crèche provençale. « Nous allions ramasser du liège, des pieds de thym et des mousses pour créer les décors, mais c’est elle qui s’occupait très sérieusement des santons. Mon grand-père plaçait uniquement le vigneron », raconte avec tendresse celle qui a pris la suite des fondateurs du Château de l’Aumérade à Pierrefeu-du-Var (Var).
Tandis que son frère Henri et son mari Vincent orchestraient la production et la commercialisation des vins, Marie-Christine Fabre-Grimaldi s’est longtemps occupée de l’accueil à la propriété. Elle y organisait des événements publics : salon du livre, expositions d’artistes, promenades gourmandes, repas vigneron, etc. Désormais, ses trois enfants — Caroline, Clément et Delphine — ont pris en main la destinée des 300 ha de vignobles, dont 80 ha en cru classé.
L’émouvant Ravi
La crèche des grands-parents Fabre date de 1930. Elle figure aujourd’hui parmi la collection que Marie-Christine et son frère ont constitué à partir des années 1980. « Je me rends tous les ans aux foires aux santons de Brignoles, de Signes, d'Aix-en-Provence… Je recherche des personnages rares ou oubliés, comme l’homme aux éponges naturelles en bandoulière, ou l’homme à la tisane de poudre de réglisse. » Si bien que la passionnée connaît la plupart des santonniers de Provence qui ont chacun un style bien personnel. « Mon santon préféré est le Ravi. Il m’émeut avec ses bras en l’air et son air exalté, pris de ravissement en découvrant l’enfant Dieu. » Ce bienheureux conduit les habitants du village vers l’étable, où se sont réfugiés Marie et Joseph.
Depuis huit ans, une vaste pièce attenante au caveau de dégustation expose la collection privée. Il y a des miniatures en vitrines, et une grande reproduction de village. Ces centaines de personnages humbles touchent l’âme des visiteurs, et créent des liens affectueux autour d’une part importante de la tradition provençale. Des habitués du domaine connaissant la collectionneuse lui ont rapporté d’autres santons, ainsi que des crèches du Brésil, de l’Espagne, de l’Italie et du Rwanda.