Horaires à rallonge, travaux pénibles, revenu en berne, isolement social, etc. « Voilà les aspects plombants du métier d’agriculteur ! Avec ce voyage, nous avons voulu partir à la rencontre de ceux qui les contournent, innovent et finalement donnent envie ! »
Béret vissé sur la tête, Martial Lagrange, 24 ans, est fils d’éleveurs ovins. Il est né en Haute-Vienne et tel un compagnon, vient de boucler son tour de France. Durant huit mois, de Nice (Alpes-Maritimes) à Rouen (Seine-Maritime), il a parcouru plus de 4 000 km à vélo, rencontré des dizaines d’agriculteurs, travaillé, échangé avec eux.
Un métier de liberté
Dans ce périple, « je n’étais pas seul », rappelle l’intéressé. De fait, deux autres passionnés d’agriculture l’ont accompagné : Adèle Beaubois, fille d’éleveurs du Loiret, et Aristide Guérin, autre beauceron, du Loir-et-Cher. Le trio se connaît depuis 2017 ; il s’est formé à Angers, sur les bancs d’Agrocampus-Ouest. « Mais c’est le confinement, période si particulière, qui a soudé notre réflexion sur l’installation et ce projet de voyage. » Leur diplôme d’ingénieurs en poche, les trois amis ont pris la route le 21 février 2023 (1).
Leur itinéraire s’est bâti autour de cinq stages de trois semaines chacun. « Nous avons privilégié la diversité des systèmes avec transformation et vente directe. En Isère par exemple, nous étions à la Clef des Sables, une ferme collective. Dans les Alpes-Maritimes, nous avons rejoint une régie municipale, tandis qu’au Pays basque nous avons choisi des structures familiales. » Entre deux étapes, les cyclistes ont avancé par « saut de puce » — de 30 à 50 km par jour — en multipliant les contacts avec les agriculteurs.
« Au total, nous avons visité plus de 80 fermes, entendu des dizaines de récits ! Ils nous ont permis de questionner des pratiques, des modèles et d’avancer dans notre réflexion sur l’articulation entre vie professionnelle et personnelle. Je rentre en sachant, je pense, concilier mieux qu’avant des avis différents. J’ai aussi appris à faire avec peu. » De quoi nourrir l’avenir ! Pour Martial, ce sera, mais pas tout de suite, l’installation ; « parce que le métier d’agriculteur porte en lui une grande liberté et ouvre à chacun la possibilité de créer » assure cet insatiable curieux.
(1) voir la page Facebook « La ferme dans le guidon ».