Pour courir, Beñat Marmissolle n’a qu’à franchir le seuil de la porte et suivre le petit chemin qui le mènera à un premier sommet. La ferme, jolie et bien entretenue, est nichée dans le coteau, face à la montagne : « Tiens, quelqu’un monte », remarque-t-il le jour de notre rencontre. S’imagine-t-il déjà en train de le doubler ? Car Beñat a la compétition dans le sang. Il est devenu un sportif de très haut niveau, électrisé à l’idée de se confronter aux meilleurs traileurs du monde.
Monter les plus beaux podiums
Originaire de Tardets-Sorholus dans les Pyrénées-Atlantiques, cet agriculteur double actif a toujours été plutôt sportif : « J’ai pratiqué le handball à fond jusqu’à 18 ans et je suis un passionné de randonnée en montagne. Comment ne pas l’être en vivant par ici ? » Ce n’est qu’à 28 ans qu’il commence à courir sur les sentiers, « pour faire un peu plus d’exercice ». Il se découvre alors des capacités insoupçonnées, réveillant son goût de la compétition sportive. Il enchaîne les courses, se spécialise dans l’ultra-trail, affiche des performances remarquables et de nouveaux objectifs.
Désireux d’y consacrer tout son temps et voir jusqu’où il peut aller, il pose un congé sans solde à l’usine à la fin de 2022 et confie sa ferme de 26 ha et son troupeau de brebis à ses parents, anciens exploitants.
En 2023, le sportif de 42 ans s’est fixé un ambitieux programme (lire l'encadré) et apprend à gérer sa carrière sportive à raison de 50 heures d’entraînement hebdomadaire : « C’est un sport très dur mais ce que je vis est fabuleux, malgré les doutes et la souffrance. Franchir la ligne d’arrivée est un moment extrêmement fort, d’accomplissement et de bonheur. Arriver premier… ça… c’est le graal ! » À l’inverse, l’abandon pendant une course représente la pire des frustrations, terrible mésaventure vécue lors de sa dernière compétition autour du mont Blanc…
Nul doute que l’homme, affûté par l’exercice physique, passera outre et repartira, plus expérimenté, toujours soutenu par ses proches. Cependant, il reviendra toujours à la ferme, son refuge. Car l’athlète ne peut vivre ailleurs, dit-il, par besoin vital de se ressourcer auprès de sa famille et ses animaux.