Avec ses yeux bleus perçants, Odile Masset possède, à n’en pas douter, un regard affûté. « Quand j’étais petite, j’étais déjà fascinée par les photographies prises par mon oncle. Il réalisait surtout des portraits », se souvient-elle.

Son premier appareil, elle l’achète avec son frère Michel qui a repris l’exploitation agricole familiale du Sud-Ouest marnais. C’est aussi un passionné de photo, mais essentiellement canine. Comptable de formation, Odile a longtemps travaillé auprès des agriculteurs, notamment pour la FDSEA (Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles) de la Marne.

« Quand je suis arrivée en 2008 en Corrèze, mes deux fils étaient déjà grands. Ce n’est pas évident de rencontrer de nouvelles personnes une fois que les enfants ont quitté l’école primaire. Pour m’intégrer plus facilement, je me suis tournée vers l’associatif. » C’est ainsi que depuis sept ans, Odile, dont le compagnon Guy est agriculteur à Saint-Pardoux-Corbier (Corrèze), organise chaque année une exposition photo dans une salle municipale de ce village.

En septembre dernier, une quarantaine d’exposants étaient réunis. Et pour aller plus loin dans la technique, cette femme de 52 ans a fondé un club photo qu’elle préside. Un soir par mois, la vingtaine de membres, de 12 à 80 ans, se retrouve autour des animateurs, Cris et Manu. Les blagues fusent sur le thème du jour.

Solitude créatrice

« Moi, je cherche la couleur ! », avoue Odile. Elle qui a sillonné la plupart des routes de France, a des régions de prédilection comme l’Alsace où les façades des maisons affichent des teintes vives et variées. En Corrèze, elle se focalise sur le petit patrimoine : portes, puits, enseignes.

« Quand on se lance dans la photo, on remarque des tas de choses que l’on ne voyait pas avant », apprécie-t-elle. Odile pratique tôt le matin, quand la lumière est douce et avant que l’agitation ne s’empare des villages. Elle apprécie ces parenthèses de tranquillité et de concentration. « J’ai besoin d’être seule pour photographier. »

Même quand elle voyage avec son compagnon, elle trouve un moment à elle pour se consacrer à sa passion. Elle porte toujours un regard attentif sur les productions agricoles du pays visité : rizières de Bali, orangeraies du Portugal, plantations d’ananas en Thaïlande…

Raphaëlle Saint-Pierre