Lorsque Solène entre dans le bureau de la coopérative, c’est un vent de fraîcheur qui souffle entre les hautes cellules de béton. Descendue de son fringant destrier, le télescopique qu’elle manie avec aisance, la jeune femme blonde et longiligne de vingt-deux ans fait le point avec Yannick Grayo, le chef de silo. En cette mi-août, la collecte est quasiment terminée sur le site de Château-Salins, en Moselle. Bientôt pointera la récolte des tournesols, mais l’intérimaire, elle, aura repris les cours. « C’est ma quatrième saison ici, explique celle dont la maman est agricultrice à Léning, une commune du secteur, et le papa technicien élevage dans le groupe coopératif Lorca, auquel appartient ce silo. Je cherchais un boulot d’été et j’aime tout ce qui touche à l’agriculture. »
En alternance
Dans ce lieu de collecte, le travail est varié : réception des bennes, échantillonnage, nettoyage… « J’ai appris beaucoup de choses, grâce aux analyses. Et en informatique aussi, car ici tout est automatisé depuis cette année. Il faut être organisée, précise, ne pas craindre de se retrousser les manches. L’environnement est assez salissant, mais on peut rester féminine pour autant », sourit-elle, tandis qu’une brosse à cheveux dépasse de son sac.
L’opératrice adore charger les camions et être aux manettes, tout en haut des boisseaux ! Avec son caractère bien trempé, elle sait se faire respecter dans ce milieu très masculin. « Les agriculteurs la connaissent bien, souligne Yannick Grayo. De même que les chauffeurs, qui sont des habitués. Solène est dynamique, elle est du milieu, ce qui facilite les choses. Et puis, aujourd’hui, les tâches sont davantage mécanisées, donc plus simples à effectuer qu’il y a vingt ans. »
« On peut rester féminine pour autant. »
La jeune femme baigne dans le monde agricole depuis toute gamine. Une passion qui l’amène aussi à conduire le tracteur et à aider à la fenaison sur l’exploitation maternelle de 115 ha, avec un troupeau allaitant. « Quand je suis partie en Erasmus en Suède, pendant six mois, je prenais des nouvelles de la ferme presque tous les jours, raconte-t-elle. Ma maman sait bricoler, souder, alors que ma sœur aînée, qui travaille dans le secteur de la petite enfance, n’est pas du tout intéressée par les vaches, ni les cultures ! »
Lorsqu’elle descend de ses machines, Solène poursuit des études supérieures brillantes : après un bac S, trois années en licence de biologie, un master I en sciences des aliments à l’école d’ingénieurs l’Ensaia de Nancy, elle démarre un master II en production agroalimentaire. L’étudiante effectue ce cursus en alternance, sur un site Lactalis dans les Ardennes. « Je pense travailler pendant plusieurs années dans ce domaine, confie-t-elle. Puis, je réfléchirai à reprendre l’exploitation familiale. » Et, qui sait, se retrouver de l’autre côté de la benne…