«Tant que j’ai plaisir à me faire mal, je continue ! », assure Maël Alric, grand, fin et musclé. Ce compétiteur dans l’âme reconnaît volontiers son addiction pour le sport de haute intensité : « J’en ai besoin pour mon équilibre. » Depuis l’âge de dix ans, l’athlète est un habitué des pistes de course, du souffle court, du chrono, des douleurs musculaires et de l’adrénaline.

Un titre européen dans le viseur

À 32 ans, il vise désormais un titre européen en duathlon. L’épreuve consiste en une première course à pied de 5 km, puis 20 km à vélo et une seconde course à pied de 2,5 km. « Les cuisses sont lourdes, gorgées d’acide lactique, comme si vous courriez avec des chaussures de ski ! » En juillet 2021, aux championnats d’Europe en Roumanie, Maël faisait partie des cinq membres de l’équipe de France. Malheureusement, une chute à vélo l’a conduit à l’hôpital. Un coup dur après plusieurs mois d’efforts intenses.

 

Maël a toutefois des contraintes professionnelles différentes de celles de ses équipiers de l’Athlétic club noyonnais, dans l’Oise, et du club Alès Cévennes athlétisme, dans le Gard. Son métier lui prend de l’énergie : « Le plus difficile, ce n’est pas de s’entraîner, c’est de récupérer. Debout dans la bergerie, mes tendons d’Achille ne se reposent pas… »

Compétitions et blessures

L’éleveur ovin de Saint-Izaire, dans l’Aveyron, a rejoint, en 2017, la ferme de ses parents Laurence et Jean-Marc. Leur troupeau de 230 brebis (race lacaune) fournit en lait bio Roquefort Papillon et leur propre Fromagerie du Salze. Ils fabriquent des yaourts et des tommes. Les parents, eux-mêmes très sportifs, ont toujours soutenu la carrière athlétique de leur fils.

Maël a découvert ses capacités en jouant au foot, puis en fréquentant assidûment l’Athlétic club saint-affricain. Le centre sportif de haut niveau de l’Albigeois l’accueille en tant que lycéen puis étudiant en biologie, ce qui l’autorise à pratiquer douze fois par semaine… En 2009, le jeune homme devient champion de France junior du 3 000 m steeple (1). Quand, blessé aux mollets, le repos s’impose, il décide de passer son BPREA (2).

Entre 250 et 350 km à vélo

« J’adore mon travail. Ma passion pour deux sports demande beaucoup d’entraînements hebdomadaires. » Il roule entre 250 et 350 km à vélo et, sur une piste en sable près de chez lui, court 120 km ! « Il m’arrive de partir à 4 h 30 du matin, avant la traite, puis de nouveau vers 11 h 30. Mon repas est rapide mais la sieste de quin­ze minutes est obligatoire. »

 

Maël s’exerce parfois avec sa compagne Céline, triathlète à Alès. Les efforts nécessaires pour mener tout de front par moments le découragent. « Savoir que les autres progressent me donne d’un coup l’envie de me surpasser. Pour être bon en compétition, il faut savoir aller au bout de soi. J’ai un vrai penchant perfectionniste. » Cette année, Maël voudrait être sélectionné et remporter une médaille des Mondiaux de duathlon ou des championnats d’Europe. Cela vaut pour lui tous les sacrifices.

A. Valois

(1) Course d’athlétisme avec barrières et rivières à franchir.

(2) Brevet professionnel responsable d’entreprise agricole.