«Heureusement, j’ai la chanson. C’est une occasion de voir du monde, de sortir de mon quotidien, même si j’adore mon métier », avance Valérie Masset, 35 ans, productrice de lait à Bléquin (Pas-de-Calais). Titulaire d’une licence d’histoire, elle se destinait au métier de professeur des écoles. Mais après trois ans de remplacements, elle choisit de s’installer à la ferme, en 2012, en Gaec avec son frère.

Trois albums

La jeune femme n’a jamais appris à chanter. « C’est inné. Dans ma famille, on a toujours aimé la musique. Quand j’étais dans le ventre de ma mère, elle écoutait Édith Piaf et d’autres stars de la chanson », souligne Valérie.

Adolescente, elle participe, très impressionnée, à son premier radio-crochet où elle termine quatrième. « Ça s’est enchaîné avec une soixantaine de concours de chant plus ou moins renommés. » En 2014, elle est sur le plateau de France 2 pour l’émission « N’oubliez pas les paroles ». Ensuite, elle croisera Santo Barracoto­, le frère de Frédéric François, puis Patrick Fiori. Aujourd’hui, la talentueuse interprète de la chanson française se produit lors de fêtes communales, de repas d’aînés... « Selon le public, j’adapte mon répertoire : Marina Kaye, Céline Dion, Michèle Torr, Hélène Segara, Natasha St-Pier, Whitney Houston... » Mais avec le Covid, les concerts sont peu nombreux. Depuis deux ans, Valérie anime surtout des messes­ de mariage.

La brune aux yeux bleus a sorti trois albums. « C’est un rêve qui s’est concrétisé. Il est le fruit d’une rencontre avec l’artiste Alain Sombret. »

Mariée à Julien Grumetz, entrepreneur de travaux agricoles, l’exploitante est maman de Maxime, 6 ans, et Henri, 1 an. Mais derrière son beau sourire se cache une blessure. « En 2019, j’ai perdu Adèle, dix jours avant terme. » Ce deuil périnatal laisse des cicatrices. Son troisième disque, À toi mon ange, rend hommage à la petite fille. « Avec les titres Les petits pieds de Léa ou encore Lucie, je veux toucher les cœurs. Chanter, c’est faire passer des émotions. Le public aime ma sensibilité. »

Son époux et ses parents se rendent disponibles pour garder les enfants afin que Valérie poursuive sa passion. « Je rentre d’un concert toute pouponnée et je me change pour aller traire. J’aime ce contraste », raconte celle qui collectionne les belles robes. Et d’ajouter : « Je suis une grande angoissée. Chanter me détend, c’est un exutoire. »

Catherine Yverneau