En ce mois de juin, Arnaud Deshayes est très occupé. Ses serres sont en pleine production et il est sollicité par les médias après la diffusion de Koh-Lanta. Patient, ouvert, à l’image de ce qu’il était pendant le tournage, l’agriculteur mosellan raconte son aventure. « Les personnes qui m’interpellent sont bienveillantes », confie-t-il.

 

« Ici, je suis connu en tant que maraîcher. En revanche, le statut de “vu à la télé” n’est pas toujours évident, surtout pour mon entourage. C’est une émission de stratégie à laquelle on n’adhère pas forcément… Pour mes quatre enfants – de trois à onze ans –, j’avais à cœur d’être juste, de ne pas jouer au super-héros. » Son épouse Fanny, institutrice à Hampont, leur village, l’aide à délivrer le bon message.

Demeurer disponible

L’installation d’Arnaud sur la ferme familiale remonte à dix-huit mois. Ambulancier pendant dix ans, il passe en 2017 un BP REA (1) spécialité maraîchage bio au lycée agricole de Courcelles-Chaussy. « Mon père allait partir à la retraite, raconte-t-il. Puis, la naissance de mes enfants, l’âge, m’ont fait évoluer. J’ai senti la nécessité de leur transmettre des valeurs, qu’ils connaissent l’origine de leur alimentation. »

 

L’exploitation compte 170 hectares en céréales. Arnaud a monté un atelier de soixante-dix poules pondeuses et une activité de maraîchage biologique sur 80 ares, qu’il compte développer. Il vend ses produits à une soixantaine de clients, sous forme de paniers œufs et légumes.

Cela faisait dix ans que l’aspirant aventurier souhaitait participer à la célèbre émission télévisée d’aventures de TF1. Il postulait à chaque édition. « La ténacité a fini par payer », sourit-il.

Arnaud part pour la Polynésie à la fin d’octobre 2020 pour trente-cinq jours de tournage et découvre à son retour que la France a été reconfinée.

 

« Les clauses de confidentialité sont drastiques, souligne-t-il. Autour de moi, j’ai dit que je partais en formation en Bretagne ! Même mes enfants n’ont découvert mon parcours que lors de la diffusion. Ils ont versé des larmes lors de mon élimination, presque à la fin de l’aventure. »

 

Pendant son absence, son père et son beau-père, toujours prêts à l’aider, avaient pris le relais sur l’exploitation. Arnaud estime que son ancrage à la terre, sa débrouillardise, sa facilité à nouer des contacts, l’ont bien aidé dans cette expérience. Aujourd’hui, il dit rechercher la simplicité, une vraie qualité de vie avec sa famille.

 

« Je fais réaliser certains travaux des champs par entreprise, car je veux être disponible pour mes enfants, explique-t-il. Je veux faire passer ce message auprès d’une profession agricole qui donne beaucoup, parfois trop, au détriment de son bien-être, de sa santé. Ce qui se passe avec la crise sanitaire est une leçon. Prenez soin de vous, de vos proches, profitez de la vie ! »

Dominique Péronne

(1) Brevet professionnel responsable d’exploitation agricole.