Un porc est à peine sorti du Dac (distributeur d’alimentation de concentré) qu’un autre le remplace dans la cage pour obtenir sa ration. « Actuellement, ces porcs à l’engraissement de 165 jours reçoivent 2,5 kg d’aliment au quotidien en une ou plusieurs prises », explique Frédéric Baudet, à la tête d’un atelier de 360 truies, en naissage et engraissement total à La Malhoure (Côtes-d’Armor).

Depuis le début de 2021, il teste le « Selfifeeder GFI » de la société Asserva dans deux cases de 40 porcs charcutiers chacune. Il s’agit d’un Dac qui distribue l’alimentation en fonction d’une courbe d’alimentation de chaque animal. L’appareil pèse le cochon à chaque fois qu’il y rentre. « L’automate me permet de distribuer une alimentation individualisée et de précision », souligne Frédéric, dont la première motivation est de « maîtriser encore mieux son indice de consommation (IC) et obtenir un gain économique ».

Les porcelets sont bouclés avec une puce RFID trois semaines après le sevrage pour être reconnus par le système. La mise à l’engraissement a lieu à 70 jours d’âge. Lors des cinq ou six premiers jours, ils sont nourris à volonté. Il faut une dizaine de pesées pour fixer le poids d’un animal. « Je suis passé du granulé à de l’aliment en miettes car l’ingestion est plus rapide (42 ou 43 g par minute en granulés contre 85 à 88 g/min en miettes). »

Des centimes supplémentaires

Avec plus de trois ans de recul et neuf bandes étudiées, les résultats techniques sont très satisfaisants. La moyenne des indices de consommation est de 2,22 sur 7 bandes (1) avec des GMQ autour de 950 g. « Sur le meilleur lot, on a fait un IC de 2,17 avec un GMQ de 1 010 g », précise-t-il.

Le dispositif permet un marquage automatique des animaux selon le poids déterminé. « C’est un gain de temps. Même si on a l’œil, il n’y a rien de plus précis que la pesée. Dans la dernière bande, on a réussi à sortir 98 % d’animaux dans la gamme et 95 % dans le cœur de gamme. Au bout du compte, ça fait des centimes supplémentaires. » Dans sa coopérative, les porcs qui sont dans le cœur de gamme bénéficient de 0,02 €/kg de plus-value (soit 2 € par porc). C’est loin d’être négligeable dans un élevage comme celui-ci qui commercialise 10 000 porcs par an et même s’ils n’entrent pas tous dans le cœur de gamme.

Pour l’instant, seules deux cases sont équipées du Dac. « Sur l’ensemble de l’engraissement, il me faudrait 50 automates, ce qui représente un investissement conséquent (de l’ordre de 4 500 à 5 000 € par Dac, ainsi qu'une boucle RFID à 1 € par porc). J’y songerai quand mes bâtiments seront amortis. L’augmentation possible du nombre de porcs par salle peut rentabiliser l’amortissement », analyse l’éleveur. En bâtiment neuf, le surcoût peut être compensé par la moindre surface requise par rapport au système soupe (cloison, auge…). « En revanche, je n’ai pas encore assez de recul sur les coûts d’entretien du matériel qui est quand même sollicité. »

(1) Le prototype était en rodage sur les deux premières bandes.