Un aliment pour ses cochons, récupéré près de chez lui… Et en plus gratuit ! Eric Viaux, éleveur de cochons cul noir limousin à Montgesty, dans le Lot, aurait eu tort de se passer de la drêche de bière. La drêche ? « C’est ce qu’il reste après avoir brassé la bière », résume l’agriculteur. Un aliment reconnu pour être « riche en fibres et en protéines », souligne Eric.

« Appétantes et facilement consommées »

« Les drêches de brasserie peuvent être utilisées dans l’alimentation des ruminants et des monogastriques, confirmait l’Institut de l’élevage en 2017. Elles sont appétantes et facilement consommées par les animaux quand elles ne sont pas détériorées. » Les drêches humides sont cependant volumineuses, ce qui réduit leur densité énergétique.

« Les drêches de brasserie ont des teneurs assez élevées en protéines (20-33 % MS) […], poursuit l’Idele. Elles sont aussi relativement riches en fibres (ADF 17-26 % MS), ce qui est intéressant pour les ruminants dans le cadre de rations riches en concentrés, mais qui en limite l’emploi en monogastriques. »

Jusqu’à 800 litres de drêches toutes les semaines

Installé depuis quatre ans, Eric donne ce produit à ses porcs âgés de deux à huit mois et de plus de douze mois. « Quand le brasseur produit au maximum, je réceptionne jusqu’à 800 litres de drêches toutes les semaines. Là, je fournis environ 12 kg de drêche par jour pour les jeunes porcs, et deux fois moins pour les plus âgés. »

Eric les distribue dans des seaux. Les plus petits ont « les premiers seaux, parce que le brasseur dispose sur le dessus les levures de bière. C’est un liquide blanchâtre très riche en vitamines et en minéraux. » Elle a « une haute valeur protéique, supérieure à 47 %, et stimule le système immunitaire ». Par conséquent, il en est certain, ce mélange « leur apporte une sorte d’immunité ».

« Moins de boiteries »

Quant aux « plus gros, je limite l’aliment en fin de croissance, l’aliment spécial cul noir du Limousin, au profit de la drêche, pour qu’ils fassent moins de gras, témoigne Eric. L’idée, c’est de valoriser le muscle plutôt que le gras. » Pour ceux d’âge moyen, « je leur donne davantage d’aliments parce qu’ils en ont plus besoin, comme ils sont en croissance ».

Au final, les 40 à 60 porcs élevés en plein air qu’il produit chaque année « sont costauds, ils ont une bonne carcasse, une bonne ossature. Bien sûr, le terroir y est pour quelque chose, mais la drêche aussi ! » Eric a comparé les performances des porcs élevés avec et sans drêche. « Il n’y a aucune différence sur la carcasse, mais j’ai l’impression qu’il y a moins de boiteries avec la drêche et aussi moins de gras lorsque je diminue la quantité d’aliment à la fin. » L’éleveur voit un autre avantage à donner cet aliment à ses cochons en fin de cycle : « J’en mets sur une partie du parc, donc ils piétinent moins ailleurs, et ça maintient les surfaces en bon état. »

Jusqu’alors, le brasseur – La Rapiette à Montcuq – ne valorisait pas ce résidu. « Il était donc content que je le récupère et me le donne, gratuitement », se félicite l’éleveur. Du côté écologique, cette initiative valorise ce qui était jusque-là un déchet. Et la quantité peut être importante : jusqu’à 1 m³ de brassin toutes les semaines du printemps et de l’été.