Une race de porc locale et une charte d’élevage : l’association Div’porcs AURA conduit ces deux chantiers afin de proposer aux bouchers et salaisonniers des produits d’exception, capables de concurrencer les voisins espagnols et italiens. La charte « Grand porc pleine nature » (GPPN), finalisée l’an dernier, promet des porcs élevés en plein air intégral dès la naissance. La densité maximale est de 10 porcs par hectare et l’âge minimal d’abattage, de douze mois. « La croissance lente associée à l’activité physique garantit la qualité de carcasse recherchée : couleur, persillage et épaisseur de gras dorsal, explique Pierre Arcan, ancien éleveur et président de l’association, qui a lui-même pratiqué le pastoralisme porcin sur sa ferme. Selon ce qu’il peut prélever dans la nature, le porc consommera 600 à 800 kg d’aliment composé sur l’ensemble de sa vie. Le temps de travail est d’environ six heures par porc de la naissance à l’abattoir, où l’éleveur mène lui-même ses bêtes pour éviter le stress. »
Reconstruire une race
Le label étant voué à sortir de la région, il n’impose aucune race, pour permettre à tous d’utiliser une race autochtone. Il n’en existe plus en AURA… L’association cherche donc, via des croisements étudiés, à « reconstruire » deux races à l’identité visuelle marquée, à la croissance lente et adaptée au plein air intégral. Des porcs de type « noir de Bourdeau » et « bressan », issus de ces croisements, sont aujourd’hui élevés par six éleveurs de la région sous la charte GPPN.
À Vauxrenard, dans le Beaujolais, Rémi Roediger élève un de ces troupeaux bigarrés, sur des terrains pentus repris à la friche. À 700 m d’altitude, les cochons ont traversé l’hiver en se contentant d’abris paillés quotidiennement. « La ration se compose de glands, châtaignes, mollusques, racines… trouvés dans la nature, d’un aliment concentré et de 800 kg par semaine de fruits et légumes récupérés d’une grande surface, indique l’éleveur. En dépensant de l’énergie à gravir les pentes, fouiller les taillis et s’adapter aux températures, ils atteignent 150 kg de carcasse en douze mois sans faire trop de gras. » Les frais vétérinaires sont quasi nuls. Au bien-être des porcs, occupés à brouter les taillis ou vautrés dans des baignoires, s’ajoute celui de l’éleveur : « C’est un bonheur de passer du temps dehors avec nos animaux ! »
Tous ses porcs sont vendus aux salaisons Henri Raffin, en Savoie, à 5,5 €/kg de carcasse. Un autre salaisonnier et un boucher participent aujourd’hui à la coconstruction du label, qui devrait bientôt pouvoir être apposé sur des produits.