Benoit Vandermersch est installé à Cintheaux (Calvados), sur une exploitation de 400 ha avec un associé et un salarié. Leur production de pomme de terre, sur vingt hectares par an, est conditionnée non lavée et commercialisée à des grossistes et des particuliers. Cherchant à réduire ses fongicides, il s’intéresse au levier variétal, utilise des outils d’aide à la décision et, depuis trois ans, le phosphonate de potassium.
« Dans notre système non irrigué, le rendement moyen est de 35 t/ha avec une forte fluctuation : 20 t/ha en 2022 et 45 t/ha en 2023, explique Benoit Vandermersch. Afin de m’assurer de la rentabilité de cette culture, je dois maîtriser les interventions, notamment fongicides. » La protection phytosanitaire s’est ainsi élevée à 210 €/ha en 2022 et 430 €/ha en 2023, variant essentiellement selon les traitements réalisés contre le mildiou.
Un levier variétal difficile à mettre en œuvre
Le Normand implante trois variétés de pommes de terre à la mi-avril, le plus souvent sans labour après un blé et un couvert associant vesce et phacelie. Il note : « Nazca est polyvalente et appréciée pour sa valeur gustative. En chair ferme, j’opte pour Valery et Allians. » Avec la dernière, classée tolérante au mildiou, il a pu en 2021 réaliser deux traitements de moins tout en maintenant un bon état sanitaire, soit une économie de 50 et 60 €/ha. Malgré sa sensibilité, il maintient Nazca pour satisfaire aux habitudes de ses clients. En 2024, il teste toutefois une variété résistante non encore inscrite.
Étant abonné aux alertes et préconisations locales de Tech’éco pomme de terre via la chambre d’agriculture, il utilise Mileos avec l’outil de traçabilité MesParcelles. Grâce à ces outils d’aide à la décision, il ajuste ses interventions aux risques et a réalisé un seul passage en 2022 contre sept en 2023. « Je traite souvent à bas volume avec 50 l/ha et du sulfate de magnésium dans la bouillie », précise le producteur. Le fertilisant magnésien vise à prévenir la sénescence prématurée du feuillage en cas de stress.
Depuis trois ans, Benoit Vandermersch utilise le phosphonate de potassium. Il précise : « J’interviens deux fois à quinze jours d’intervalle entre la fermeture du rang et la floraison. J’utilise à chaque fois une demi-dose de fongicide et deux litres de phosphonate de potassium par hectare. » Satisfait de l’efficacité et la baisse des IFT (une dose de moins), il regrette toutefois qu’il soit globalement plus cher qu’un traitement conventionnel de près de vingt euros par hectare pour les deux passages.
En dehors du mildiou, la vente en non-lavé limite les enjeux liés aux maladies de présentation. Un prestataire intervient pour le traitement de ses plants contre le rhizoctone et la gale argentée. Afin de maîtriser l’impact de la gale commune, il veille à des buttes bien tassées ainsi qu’à éviter les résidus végétaux.