« Élus, sortez de vos bureaux, venez dans nos champs. » Tel était le panneau accueillant les élus de la commission locale de l’eau (CLE) venu pour voter la révision du schéma d’aménagement et de gestion des eaux (Sage) Vilaine le 21 mars 2025 à Pont-Péan (Ille-et-Vilaine). Une centaine d’agriculteurs à l’appel de la FDSEA et JA étaient présents pour exprimer leur mécontentement.

2 700 exploitations concernées

Ce Sage qui s’étend sur l’Ille-et-Vilaine, les Côtes-d’Armor, le Morbihan et la Loire-Atlantique, a acté l’interdiction de l’usage d’herbicides sur maïs dans les parcelles à risque fort des aires d’alimentation des captages prioritaires, au 1er janvier 2029. Cinq captages (1) sont concernés, soit 2 700 exploitations pour une surface de 140 000 hectares dont 50 000 hectares de maïs.

La première proposition soutenue par Rennes Métropole et les associations environnementales visait à interdire les produits phytosanitaires de synthèse sur le territoire. Plutôt qu’une interdiction totale, la chambre d’agriculture a proposé une réduction ciblée sur les captages prioritaires et sur les parcelles à risque fort, sauf en cas d’impasse technique et climatique. D’ici à 2029, les agriculteurs du territoire devront réaliser un diagnostic des parcelles à risque.

Des obligations, pas de financement

Ces agriculteurs ont déjà réduit leur utilisation de produits phyto. Les représentants syndicaux ont rappelé leur opposition à « une interdiction sans solution » à Michel Demolder, le président de la CLE venu s’expliquer après le vote. « Les agriculteurs sont obligés d’entrer dans une démarche qui n’est pas financée aujourd’hui », s’inquiète Dominique Balac, siégeant à la CLE en tant qu’élu à la chambre d’agriculture.

Aucune étude économique n’a été réalisée pour mesurer l’impact de ces interdictions sur les exploitations. Le président de la CLE a évoqué un accompagnement financier de 140 €/ha pour compenser le manque à gagner et le surcoût du matériel pour l’utilisation de désherbage mécanique.

« Mais qu’en est-il de la perte de rendement ? Du temps passé ? Le peu de temps laissé pour s’adapter a aussi été soulevé. En année pluvieuse comme en 2024, le désherbage mécanique est compliqué. Que mettrons-nous dans nos silos ? Comment nourrirons-nous nos bêtes ? » commentaient les agriculteurs.

Le projet voté va être soumis à différentes assemblées avant une consultation publique à l’automne où les agriculteurs prévoient de faire entendre leur voix. Le Sage Vilaine, plus grand Sage de France, est scruté. Les nouvelles dispositions pourraient servir de modèle et être reproduites ailleurs en France.

(1) La Herbinaye, La Ville Chevron-Le Meu, Pont-Billon, La Vallière, La Chutenaie.