« Il est urgent d’agir pour protéger la qualité de l’eau », ont souligné Philippe Camburet, président de la Fédération nationale d’agriculture biologique (Fnab), et Dan Lert, adjoint à la maire de Paris en charge de la transition écologique, du plan climat, de l’eau et de l’énergie et président d’Eau de Paris, la régie municipale chargée de l’approvisionnement en eau de Paris. Ils étaient réunis lors d’un colloque organisé le vendredi 29 novembre 2024 à Paris sur le thème « Agir pour protéger la ressource en eau, une urgence ! ».

Des résultats à mi parcours

Eau de Paris a présenté les premiers résultats à mi-parcours de son dispositif d’aides mis en place en 2020 pour protéger les ressources en eau contre les pollutions d’origine agricoles.

« Eau de Paris a une vision qui priorise la prévention, d’où la mise en place pour la première fois en France de paiements pour services environnementaux (PSE) par un opérateur d’eau », appuie Dan Lert. Le paiement pour services environnementaux accompagne les agriculteurs volontaires, situés notamment sur quatre aires d’alimentation de captage d’eau potable, pour réduire leurs recours aux produits phytosanitaires.

Philippe Camburet, président de la Fédération nationale d'agriculture biologique (Fnab), et Dan Lert, président d'Eau de Paris, ont participé au colloque « Agir pour protéger la ressource en eau, une urgence ! », le 29 novembre 2024 à Paris. (© Florence Mélix / GFA)

115 agriculteurs cultivant 17 305 hectares (dont 58 % en agriculture biologique) se sont engagés aux côtés d’Eau de Paris sur un cahier des charges. Le montant des aides varie de 150 à 450 €/ha/an pour une durée de 6 ou 7 ans selon le type de contrats : conversion en AB avec élevage ou non, choix de cultures à bas niveaux d’intrants, augmentation de la part d’herbe en élevage non bio…

77 % de phytos en moins

« C’est une forte adhésion des agriculteurs, pointe Dan Lert. Entre 2019 et 2023, les surfaces en agriculture biologique ont été multipliées par quatre sur toutes les aires d’alimentation de captage d’Eau de Paris, passant de 2 800 hectares à 11 800 hectares. Dans ces 115 exploitations volontaires, la quantité de pesticides utilisée a été réduite de 77 % en 2023 par rapport aux moyennes globales sur ces territoires. »

À noter que dans la vallée de la Vanne (Yonne), tous les moyens ont été mis sur le développement du bio, dont les surfaces sont passées de 1 % en 2010 à 30 % en 2023. « Malgré l’augmentation des fréquences et du nombre de molécules recherchées, on constate une baisse de 50 % des concentrations maximales annuelles de pesticides dans les eaux brutes de cette vallée », souligne Manon Zakeossian, responsable du service de la protection de la ressource et de la biodiversité d’Eau de Paris.

46 millions d’euros

Le programme de cinq ans (2020-2025) représente un budget de 46 millions d’euros sur la durée totale des contrats. Il est financé à 20 % par Eau de Paris et à 80 % par l’agence de l’eau Seine-Normandie.

« Cette politique de protection des ressources représente pour l’usager de l’eau potable seulement 4 centimes d’euro au m³, souligne Dan Lert. Les résultats de ce dispositif extrêmement positifs montrent qu’une action préventive fonctionne. Et, par ailleurs, elle coûte trois fois moins cher qu’une action curative en traitements pour dépolluer l’eau, selon le rapport de la mission d’information sur la gestion durable de l’eau du Sénat de juillet 2023. Face à la pollution massive des ressources en eau, j’appelle l’Etat à donner les moyens aux collectivités de protéger les captages d’eau potable partout en France ! »

Ce dispositif, qui prend fin en 2025, devrait être renouvelé à partir de 2026.

En Bretagne, soutien de la production jusqu’aux débouchés

Autour de Rennes (Ille-et-Vilaine), le dispositif Terres de Sources a été créé en 2022 à l’initiative de Eau du bassin rennais, pour réunir 105 associés dont notamment 70 producteurs, 18 transformateurs, et 7 collectivités.

« 150 agriculteurs se sont engagés au total à se convertir en bio ou à réduire leurs intrants, explique Michel Demolder, président de la collectivité Eau du bassin rennais. En parallèle, une société coopérative d’intérêt collectif (Scic) a été lancée notamment pour organiser la logistique et fournir des débouchés rémunérateurs et locaux aux productions labellisées Terres de Sources via la restauration collective mais aussi des magasins d’alimentation. »