Le vaccin mis au point par une équipe de l’Université d’Helsinki procure aux abeilles la résistance nécessaire pour combattre des maladies microbiennes graves, potentiellement mortelles pour les communautés pollinisatrices.

Une invention qu’on croyait impossible

« Si nous pouvons sauver ne serait-ce qu’une petite partie de la population d’abeilles avec cette invention, nous aurons fait notre bonne action, a déclaré Dalial Freitak, chercheuse à la tête du projet. Même une augmentation de 2 à 3 % de la population d’abeilles serait énorme. »

On croyait auparavant qu’il était impossible de vacciner les insectes, car ils n’ont pas d’anticorps, l’un des principaux mécanismes que les humains et les autres animaux utilisent pour combattre les maladies.

Grâce à un papillon

Mais, en 2014, Dalial Freitak, spécialiste des insectes et de l’immunologie, a remarqué que les papillons nourris de certaines bactéries passaient leur immunité à leur portée. « Ils pouvaient transmettre quelque chose d’avalé. Je ne savais tout simplement pas quel était le mécanisme. »

« J’ai rencontré Heli Salmela, qui travaillait sur les abeilles mellifères et une protéine appelée vitellogénine, poursuit-elle. Je l’ai entendue parler et je me suis dit : OK, je pourrais parier que c’est ta protéine qui transmet mon signal d’une génération à l’autre. »

La loque américaine dans le collimateur

Le duo a créé un vaccin contre la loque américaine, la plus répandue et la plus destructrice des maladies bactériennes de l’abeille. Le traitement est administré à la reine des abeilles par l’intermédiaire d’un sucre en morceau. La reine transmet ensuite l’immunité à sa progéniture.

En plus de travailler sur des vaccins contre d’autres maladies, l’équipe cherche à lever des fonds pour rendre le vaccin disponible sur le marché. Mais « il existe de nombreux obstacles réglementaires. Quatre à cinq ans pour atteindre le marché est une estimation optimiste ».

Rendre les abeilles plus fortes

Les scientifiques estiment que les maladies ne sont qu’une des nombreuses raisons de la perte des pollinisateurs. Mais l’équipe finlandaise croit que la protection des populations d’abeilles contre les maladies les rendra plus fortes, et mieux équipées pour résister aux autres menaces.

À Helsinki, l’équipe a maintenant accepté de poursuivre ses recherches à l’Université de Graz en Autriche, celle du zoologue Karl von Frisch. Ses découvertes sur la danse des abeilles lui avaient valu le prix Nobel de médecine en 1973.

AFP