C’est la direction départementale en charge de la protection des populations (DDecPP), alertée par l’apiculteur, qui organise les premières interventions.
Pour ces deux années, « onze cas d’intoxications aiguës avérées ont été mis en évidence », indique le Bulletin épidémiologique réalisé en novembre 2017 par l’Anses et la Direction générale de l’alimentation (DGAL) du ministère en charge de l’Agriculture, qui a agrégé les résultats d’interventions réalisées à la suite des 342 déclarations d’apiculteurs. « Des cas d’intoxications probables, des substances ainsi que des usages interdits ont également été identifiés à la suite des enquêtes menées », apprend-on.
Le réseau a identifié des substances interdites ou des usages interdits pour les substances suivantes : allethrin, anthraquinone, carbendazim, benomyl, bifenthrine, coumaphos, lindane, propargite, thiamethoxam, trichlorfon, amitraz (Taktic ND), tau-fluvalinate (Klartan ND).
Causes de mortalité multiples
Des cas de « pratiques agricoles à risque » ont également été mis en évidence, essentiellement liés au non-respect de la réglementation sur les modalités d’application des substances (application de produit sur des vergers en fleurs, traitements réalisés par jour de grand vent ayant entraîné la dérive du produit vers des zones non cultivées fleuries et butinées par les abeilles).
Des agents pathogènes ont été identifiés à l’origine des mortalités signalées dans un peu moins de la moitié des enquêtes. Le virus de la paralysie chronique (CBPV) représentait deux tiers des cas attribuables à une problématique sanitaire en 2016 tandis que Varroa représentait près de 60 % en 2015. D’autres agents pathogènes ou facteurs de stress ont également été identifiés à la faveur de ces enquêtes.
Un dispositif à étoffer
Le bulletin précise bien que ces résultats « ne peuvent pas être considérés comme représentatifs de la situation sanitaire apicole nationale », étant donné le nombre de déclarations « vraisemblablement en dessous du nombre réel de cas de mortalités ». Ils sont à apprécier comme des « indicateurs qualitatifs ».
Enfin, les auteurs du bulletin rappellent que les facteurs de mortalité peuvent être très complexes, si l’on tient compte du fait que certaines substances peuvent avoir des effets sur la santé des abeilles à faible dose lorsqu’elles sont associées à d’autres facteurs de stress (agents pathogènes, climat ou pratiques apicoles) ou à d’autres substances également à faible dose.
La DGAL a mis en place un groupe de travail national dans le but d’améliorer ce dispositif. En parallèle, l’Observatoire des mortalités massives aiguës (Omaa) dans des régions pilotes doit permettre de prendre en compte les troubles autres que les mortalités massives aiguës, comme les affaiblissements.