Voilà en gros une vingtaine d’années que le dépérissement des ruchers envenime les relations entre apiculteurs et agriculteurs, sur fond de traitements phyto. Pour autant, au-delà de cette guerre de tranchées stérile et de l’opprobre jetée régulièrement dans les médias, les initiatives se sont multipliées sur le terrain pour tenter de sortir par le haut de cette situation (voir p. 14).
Témoins de cette évolution positive où chacun semble prêt à faire un bout de chemin, les propos tenus au Salon de l’agriculture par Franck Aletru, président du Syndicat national d’apiculture : « La solution va se faire dans une co-construction avec le monde agricole qui a bien compris qu’il doit se remettre en question et les apiculteurs qui doivent améliorer leurs méthodes. » Celui-ci a parlé à plusieurs reprises de formule gagnant-gagnant car une meilleure pollinisation née d’abeilles en forme est aussi synonyme de meilleur rendement. Tout en reconnaissant la légitimité des agriculteurs à protéger leurs champs – un postulat indispensable pour s’entendre – il a insisté sur l’enjeu que représentent les grandes cultures, car c’est là que « les meilleures productions en volume se font. Elles sont souvent montrées du doigt mais lorsqu’elles sont bien menées, c’est le paradis à la fois pour les abeilles et pour les agriculteurs contents de les voir sur leurs cultures. » Quoiqu’en disent les habituels contempteurs de notre secteur, il y a un fort désir de sortir de cette polémique.
La cause des abeilles est de plus en plus entendue par les agriculteurs qui évitent de traiter quand les abeilles sont présentes ou tentent de remédier aux périodes de disette alimentaire. Et s’il y a un problème comme on nous le dit au moment de l’évaluation des phytos, que l’on sorte des tests adaptés à ces insectes réputés très sensibles. Mais ce n’est pas aux agriculteurs de porter le chapeau !
Gardons aussi à l’esprit qu’une culture qui ne peut plus être protégée disparaît du territoire, avec perte de biodiversité à la clé. Regardez ce qui se passe avec la féverole, confrontée à la bruche...