En France, 78 % des surfaces de grandes cultures sont implantées avec des semences traitées. Cette proportion atteint 94 % en blé tendre (1).

Ces traitements phytosanitaires sont-ils pour autant indispensables ? Cette question était au cœur du projet Dephy Expe FAST (2), mené sur 32 parcelles agricoles représentatives des systèmes culturaux du Grand Est entre 2019 et 2024. « Surtout du blé, du maïs et du colza », précise Véronique Laudinot, responsable du projet à la chambre d’agriculture du Grand Est.

Le principe de l’expérimentation était simple : comparer sur chaque parcelle deux bandes de cultures, l’une issue de semences traitées, l’autre de semences non traitées.

Intérêts limités, sauf contre les corvidés

Les craintes des agriculteurs concernant la qualité des blés ont été dissipées. « Il n’y avait pas plus de caries dans les blés issus de semences non traités que dans ceux issus de semences traitées, sachant que nous nous sommes assuré de la qualité sanitaire des semences », rapporte Véronique Laudinot. Pas de différence non plus sur le plan économique, avec des rendements et marges brutes similaires entre les deux modalités.

Différence de performance des semences traitées (en rouge) et non traitées (en vert) dans le cadre du projet Dephy Expe FAST (Faisabilité et évaluation de systèmes de culture économes en pesticides en l’absence répétée de semences traitées), mené entre 2019 et 2024 dans le Grand Est. (©  Chambre régionale d'agriculture du Grand Est)

En revanche, les dégâts des corvidés sur maïs non traité n’ont pas pu être maîtrisés. « Le traitement des semences est vraiment efficace pour repousser les corbeaux », reconnaît Véronique Laudinot. L’alternative passerait, selon elle, par l’organisation collective à l’échelle d’un territoire.

Les résultats de ces cinq années d’expérimentation questionnent ainsi la pertinence de l’utilisation systématique des traitements de semences. Leur suppression s’accompagne en outre de deux avantages majeurs :

  • La préservation de la santé des agriculteurs ;
  • La réduction de l’IFT.

Des problèmes d’approvisionnement sont toutefois à anticiper.

(1) D’après Agreste — Pratiques culturales en grandes cultures, 2017.

(2) Faisabilité et évaluation de systèmes de culture économes en pesticides en l’absence répétée de semences traitées.