Dans un communiqué du 27 novembre 2024, la Fédération nationale d’agriculture biologique (Fnab) s’inquiète de la contamination des cultures non-cibles au prosulfocarbe, comme le sarrasin, récolté en automne « bien souvent au moment des traitements chez les agriculteurs non bio. »
En 2022, le prosulfocarbe est devenu l’herbicide le plus vendu en France, dépassant le glyphosate, selon les données du ministère de l’Agriculture publiées en juillet 2024. Utilisée notamment pour désherber les céréales, cette molécule est très volatile.
Risques accrus de contaminations en 2024
D’après une enquête qu’elle a réalisée auprès d’organismes certificateurs et de collecteurs, la Fnab estime que, depuis 2018, plus de 400 récoltes biologiques ont été contaminées par du prosulfocarbe. « Sur les cinq organismes collecteurs enquêtés on comptabilise, entre 2020 et 2022, 140 fermes touchées pour plus de 550 tonnes de sarrasin et une perte estimée à 550 000 euros », ajoute l’organisme.
La Fnab anticipe une année 2024 « très mauvaise » sur ce critère, la moitié du sarrasin n’ayant pas été récoltée en octobre en raison de la pluie, et « alors que l’essentiel des traitements au prosulfocarbe avait déjà eu lieu ».
Autorisation prolongée
Bien que, depuis plusieurs années, les producteurs bio interpellent les différents gouvernements et l’Anses (1) sur la situation et les pertes financières engendrées, « l’autorisation de la molécule n’est pas remise en question et aucun agriculteur n’a été indemnisé », déplore la Fnab. « On nous avait promis l’an dernier une indemnisation avec la hausse des taxes sur les pesticides et finalement tout a disparu avec les mobilisations agricoles », appuie Philippe Camburet, président de la Fnab.
La Fnab annonce des actions « dès cette semaine », et entend poursuivre ses actions juridiques « engagées avec Générations futures depuis 2023 pour faire interdire la molécule ».
L’exposition aux herbicides menace le sarrasin bio (18/09/2023)
« Il faut que tous les collecteurs jouent le jeu et publient leurs données de contamination pour qu’on avance, insiste Philippe Camburet. Si nous, les bios, sommes contaminés, il y a du sarrasin conventionnel qui l’est aussi et qui, lui, n’est pas détecté faute de contrôles. »
(1) Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail.