Dans une lettre ouverte publiée le 4 novembre 2021, l’Alliance européenne pour la santé et l’environnement, l’Association des ligues européennes contre le cancer et la Ligue française contre le cancer se sont adressées aux ministres de l’Agriculture et de la Transition écologique, pour « clarifier publiquement la position des autorités françaises par rapport aux risques que pose le glyphosate pour la santé humaine ».
Cette demande s’inscrit dans le cadre du processus européen de renouvellement de la matière active, dont l’actuelle autorisation expire le 15 décembre 2022, et du statut de rapporteur de la France, avec trois autres États membres, au sein du Groupe d’évaluation du glyphosate (GEG).
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Une position française contradictoire
Les conclusions préliminaires du GEG publiées le 15 juin 2021, indiquant que le glyphosate « remplit les critères d’approbation pour la santé humaine », surprennent les trois organisations. En effet, cela suggère que « les autorités françaises soutiennent pleinement la conclusion ci-dessus mentionnée et l’absence de risques inacceptables pour la santé humaine ».
Pourtant, la France s’était positionnée contre son renouvellement, en novembre 2017, et Emmanuel Macron lui-même, cette même année, « déclarait publiquement demander au gouvernement la prise de mesures dans le but d’interdire le glyphosate d’ici à trois ans à compter de la date du renouvellement européen », précise le collectif.
Il souligne aussi la contradiction qu’il semble y avoir entre la position du GEG et les récentes conclusions de l’Inserm (1), dans son expertise collective relative aux effets des pesticides sur la santé. Face à ces constats, les organisations expriment de profondes inquiétudes : « Il nous est impossible de comprendre les raisons et la justification scientifique d’une telle position. »
« Garantir l’excellence scientifique »
Autre point souligné par les trois organisations : « les controverses scientifiques » depuis le renouvellement de la matière active en 2017 et notamment « les efforts coordonnés par plusieurs acteurs industriels afin de discréditer les preuves scientifiques indépendantes ayant mené à la conclusion par le Centre international de recherche sur le cancer (Circ) que le glyphosate est un cancérogène probable ».
Le collectif souligne ainsi que les États membres rapporteurs se doivent de « garantir l’excellence scientifique et l’indépendance de ce processus afin d’empêcher la répétition de telles pratiques ».
(1) Institut national de la santé et de la recherche médicale.