Le Réseau européen d’action sur les pesticides (PAN Europe) et ses membres, dont Générations futures en France, ont fait analyser des prélèvements d’eau potable provenant de onze pays de l’Union européenne. Conclusion des analyses menées par le Centre technologique de l’eau de Karlsruhe (Allemagne) et publiées le 10 juillet 2024 : le TFA (acide trifluoroacétique) a été détecté dans 34 des 36 échantillons d’eau du robinet sélectionnés, et dans 12 des 19 échantillons d’eau minérale ou de source.
Cette substance est issue, entre autres, de produits phytosanitaires considérés comme des PFAS (aussi appelés polluants éternels). La concentration moyenne dans l’eau potable était de 740 nanogrammes par litre (ng/l) et de 278 dans les eaux en bouteille, inférieure aux 1 220 ng/l détecté en moyenne dans les échantillons des cours d’eau de la précédente étude publiée en mai.
Connaissances limitées
Ces concentrations sont-elles nocives pour la santé ? Trop peu d’études ont encore été menées, dénoncent les associations. Elles mettent en avant la proposition de l’Institut national de la santé publique et de l’environnement néerlandais de fixer une norme à 2 200 ng/l. Ce seuil a été dépassé dans une eau minérale analysée et dans un échantillon d’eau potable d’Autriche (4 100 ng/l). À Paris, l’eau du robinet analysée en contenait 2 100 ng/l et à Metz, la concentration relevée était de 500 ng/l.
Pour l’ensemble des PFAS, l’Union européenne a fixé une limite à 500 ng/l à partir de 2026. Les ONG réclament que le TFA soit ajouté à la liste. « L’Agence allemande chargée des produits chimiques a récemment proposé de classer le TFA comme toxique pour la reproduction », selon le rapport, qui cite une étude du géant de la chimie Bayer démontrant « de graves malformations fœtales » sur les lapins.
Certes, les niveaux de TFA détectés « semblent toujours être dans les limites sûres selon les connaissances actuelles », mais les apports « augmentent quotidiennement », « le tampon de sécurité est déjà très réduit » et « nous sommes déjà indûment exposés à d’autres PFAS », déclare Helmut Burtscher-Schaden, chimiste de l’environnement de l’ONG Amis de la Terre Autriche. Les associations demandent une interdiction « rapide » des pesticides PFAS et des gaz réfrigérants, et une restriction générale de l’utilisation des « polluants éternels ».