« J’ai failli arrêter la production ovine lorsque je me suis installé sur l’exploitation familiale en 2014, confie François Remmeau, à la tête d’un double troupeau de 420 brebis texels et 150 vaches charolaises, conduit sur 270 ha (dont 30 ha de cultures autoconsommées) à Bourbon-l’Archambault (Allier). Malgré la charge de travail, j’apprécie aujourd’hui la conduite et les performances techniques de la troupe ovine affichant une production de 1,5 à 1,6 agneau vendu par brebis et par an. »

L’éleveur est installé en Gaec avec sa mère. Son père est parti en retraite en 2020, un salarié est embauché à plein temps depuis 2023. Une bonne organisation du travail — à raison de 40 % du temps pour les ovins et 60 % pour les bovins — est indispensable.

Croisement charmois sur les agnelles

Les vaches vêlent en décembre et janvier, les brebis agnellent en mars, avril et mai. Toutes les femelles gestantes sont échographiées. La mise en lutte a lieu au début d'octobre après un passage de trois à quatre semaines dans une prairie temporaire. Les brebis sont saillies par des béliers texels inscrits. Le phénotype de l’animal et son indice laitier sont deux critères essentiels pour François Remmeau qui apprécie les qualités maternelles, la conformation des agneaux et le calme de la race.

Les agnelages se déroulent en bâtiment. Dix jours plus tard, les mères sortent à l’herbe durant la journée avant d’être définitivement en extérieur au bout de trois semaines. Les agneaux simples sont engraissés au lait de leur mère et à l’herbe. Un nourrisseur extérieur avec un aliment complet à 18 % de protéines est ajouté aux doubles et aux triples.

Le lot de 120 agnelles est mis en lutte en novembre avec des béliers de race charmoise. Un choix justifié par plusieurs critères tels que le gabarit et la prolificité de la race, la facilité de naissance, la vivacité et la rapidité de croissance des agneaux. « Des agnelles de huit mois sont encore en croissance. Sur 112 femelles mises au bélier l’an passé, 88 étaient pleines dont 23 avec des agneaux doubles », précise l’éleveur, qui conduit ce lot sur des prairies permanentes avec un nourrisseur.

Plus de 80 % des agneaux en E et U

« Une brebis bien portante produit un bon colostrum, un départ important pour les agneaux, souligne François Remmeau, attentif à la qualité de l’alimentation des mères, été comme hiver. Les premiers agneaux sont vendus en juillet à l’âge de 4 mois entre 20 et 23 kg de poids de carcasse. »

« Lorsque l’herbe devient insuffisante, ils sont sevrés et allotés en bergerie selon leur sexe et leur poids, poursuit-il. Une ration à base de foin de luzerne complété de 300 g d’orge maison et 800 g d’aliment complet permet de démarrer les ventes début septembre. À raison de lots de 15 à 20 animaux par semaine, les ventes se terminent début novembre. »

En 2024, 10 % des animaux ont été classés en E, plus de 70 % en U et le reste en R, pour un poids compris entre 20 et 24 kg carcasse et un prix moyen de 10,50 €/kg. L’hiver, le meilleur foin est réservé aux brebis. Il est complété d’un mélange d’orge et de blé produit sur l’exploitation. « Mon objectif est d’atteindre 1,7 à 1,8 agneau vendu par brebis et par an. Cette production valorise bien les efforts engagés. »