Porté par la chambre d’agriculture de l’Occitanie, le projet Batcool vise à adapter les bâtiments d’élevage de petits ruminants au changement climatique et notamment aux températures estivales de plus en plus élevées. En 2022 et 2023, une cinquantaine de bâtiments ont été expertisés afin d’identifier les bonnes pratiques. Bonne nouvelle, des solutions simples et efficaces peuvent être mises en place dès la conception du bâtiment pour le rendre plus confortable l’été. L’orientation joue un rôle clé. « Il faut éviter d’avoir un long pan exposé au sud-ouest », explique Morgane Lambert, chef de projet à l’Institut de l’élevage. Auquel cas, le soleil tape sur la plus longue façade aux heures les plus chaudes, augmentant la température à l’intérieur du bâtiment.

Pour chaque bâtiment inclus dans l’étude, les températures intérieures ont été comparées aux températures extérieures à l’ombre. En 2022, les bâtiments orientés nord-est/sud-ouest avaient des écarts de température par rapport à l’extérieur de supérieurs de 1,36 °C en moyenne comparé aux bâtiments orientés nord-ouest/sud-est.

Les translucides en toiture favorisent également l’augmentation de la température dans les bâtiments. « Mieux vaut opter pour un apport de lumière via les façades en privilégiant les ouvertures nord et est, voire sud à condition d’avoir un débord de toiture », conseille Morgane Lambert. Gare aussi aux rayonnements indirects provoqués par l’effet albédo (part d’énergie solaire réfléchie par une surface). Les abords en béton ont ainsi tendance à réfléchir les rayons du soleil sur la façade. Au contraire, la végétalisation limite le réfléchissement.

Larges ouvertures

Ouvrir au maximum le bâtiment avec des installations modulables, c’est le graal pour améliorer la ventilation naturelle, selon Morgane Lambert. « Si l’on a la possibilité d’ouvrir, on peut s’adapter à tous les climats. En été, le courant d’air est un ventilateur gratuit ! ». Plusieurs installations sont possibles pour favoriser ce renouvellement de l’air, comme les rideaux ascenseurs ou enroulables, les bardages coulissants et les portails. « Ces solutions doivent être ouvertes par défaut et fermées au besoin, et non l’inverse », insiste la conseillère. D’après les résultats BATCOOL de 2022, les bâtiments fermés avaient un écart de température par rapport à l’extérieur supérieur de 1,37 °C comparé aux bâtiments pourvus de larges ouvertures.

À propos du faîtage, Morgane Lambert conseille d’opter pour une ouverture totale plutôt que partielle. Des températures plus élevées ont en effet été constatées que les faîtières soient fermées ou partiellement ouvertes, par rapport aux faîtières ouvertes. Les éleveurs qui craignent les courants d’air l’hiver peuvent être rassurés, « ce n’est pas la petite ouverture du faîtage qui va créer de fortes vitesses d’air sur les animaux. »

Ce n’est qu’après avoir tout mis en œuvre pour limiter les rayonnements directs et indirects et optimiser la ventilation naturelle du bâtiment, qu’il est possible d’envisager la ventilation mécanique voire la brumisation. L’intérêt de cette dernière reste toutefois très limité, pour Morgane Lambert. « Hormis en salle de traite ou dans une zone bien ventilée couplée à un brasseur d’air, elle est à proscrire. »