« J’ai décidé de modifier ma façon de travailler à la suite d’un grave problème de santé, explique Hervé Pralong, éleveur à Chomelix (Haute-Loire).  La conduite en trois agnelages en deux ans sur un troupeau de 360 blanches du Massif central (BMC) en sélection génère un travail conséquent. Nous avons décidé de troquer la production de viande pour du lait produit par des brebis lacaunes. » Aujourd’hui salarié à mi-temps, son fils Corentin doit s’installer à ses côtés le 1er janvier 2024.

Sept mois de lactation

Le troupeau BMC est vendu à deux éleveurs. Les 210 premières brebis lacaune arrivent, quant à elles, de l’Aveyron en février 2022. Elles sont mises à la reproduction en mars par insémination et les retours en chaleur sont assurés par des béliers. Les agnelages se déroulent en août. 130 agnelles vont à leur tour mettre bas en septembre. « Les lacaune sont de bonnes mères, apprécient les éleveurs qui leur confient leurs agneaux durant un mois en augmentant chaque semaine le temps de séparation quotidien. Ce dernier passe de une heure la première semaine à six heures la quatrième semaine.

Les mâles sont vendus à 14 kg vif de moyenne à la coopérative Copagno. Les femelles sont toutes gardées pour le renouvellement. Les brebis sont traites une fois par jour, le matin, durant le premier mois de lactation, puis deux fois par jour avec un pic de lactation de 3 litres par brebis et par jour en septembre. « Nous trayons pendant sept mois avec un tarissement des brebis et des agnelles autour du 10 avril. Un mois de lactation en moins pour les agnelles facilite leur remise en forme et l’organisation de notre travail », explique Hervé. Le contrôle laitier est assuré par Conseil Elevage 43 avec trois pesées par lactation pour les brebis et deux pour les agnelles. Un tri est opéré au tarissement sur la facilité de traite, les cellules, les mamelles, l’âge et le caractère.

Deux bergeries « raccordées »

Sur la première campagne laitière (2022-2023), la production moyenne s'est établie à 330 l pour 260 brebis à la traite. Le lait vendu à la laiterie Gérentes à Araules (Haute-Loire) a été payé 1,26 €/l. L’objectif à court terme porte sur 310 brebis traites avec une moyenne de 350 l par tête. Les 75 ha de SAU dont 15 ha de céréales autoconsommées assurent une autonomie alimentaire de plus de 80 %. Seuls le concentré de production entrant dans la composition de la ration mélangée à base de foin, d’ensilage d’herbe et de céréales et le correcteur azoté distribué en salle de traite sont achetés pour un coût moyen de 0,33 € par litre de lait produit.

« Nous ne regrettons pas ce virage déterminant qui a nécessité un investissement de 115 000 € dont 30 000 € pour la salle de traite », précisent les éleveurs. Ils ont raccordé deux bergeries distantes de 15 m pour une faire un vaste bâtiment très fonctionnel de 80 m de longueur avec un couloir d’alimentation central surélevé. « Passer d’une sélection de brebis à viande à des laitières change le regard porté sur les animaux. Les lacaunes n'ont pas la même morphologie que les BMC. Mais elles sont calmes et très dociles », sourit Hervé.