La valorisation des intercultures par les moutons présente un double intérêt. Pour les éleveurs, la mise à disposition de ressources fourragères supplémentaires, est appréciée en particulier en année sèche. Pour les céréaliers, le pâturage des moutons facilite la destruction des couverts multiespèces et offre à terme une perspective d’amélioration de la structure du sol.

L'expérience conduite l’hiver dernier en Saône-et-Loire avec 300 brebis originaires de deux élevages a permis de mieux cerner les contraintes et conditions de réussite de la pratique. Sur 45 ha proposés par deux céréaliers du Chalonnais, les romanes et les charollaises, taries ou à mi gestation, ont paturé deux types de couverts implantés sur des sols argileux et plus ou moins développés 

« Mes 200 brebis sont restées du 15 octobre 2021 au 5 janvier 2022 sur 17 ha, précise Alexandre Saunier éleveur à Ciry-le-Noble. Semé en juillet avec de l’avoine, du trèfle d’alexandrie et de la vesce, le fourrage, bien développé ne comportait en fait que des légumineuses. L’avoine n’avait pas levé. Les brebis sont revenues en très bon état ». Sur un couvert plus maigre, constitué uniquement d’avoine et de vesce, les brebis du lycée de Charolles ont moins bien profité.

Soigner les transitions

Malgré l’éloignement des exploitations ovines et céréalières (50 et 80 km), et la qualité hétérogène des intercultures, l’intérêt zootechnique, agronomique et économique de la pratique a été démontré. Délocaliser en hiver une partie du cheptel permet de décharger les pâtures. "Cela favorise un meilleur démarrage de la pousse de l'herbe au printemps, tout en cassant le cycle des parasites", pointent Laurent Solas et Agathe Chevalier des chambres d’agriculture de Saône-et-Loire et de Bourgogne-Franche-Comté.

Le pâturage des couverts constitue une nourriture bon marché, même en intégrant les coûts de transport des animaux, celui des semences (40 €/ha) et les déplacements de l’éleveur (tous les 8 à 10 jours environ). « Le changement d’espèces fourragères doit être toutefois anticipé, prévient Michaël Floquet, responsable de l’exploitation du lycée agricole de Charolles.  Les brebis ne doivent jamais rentrer le ventre vide sur les intercultures.»

L’expérience est reconduite sur l'hiver 2022-2023 sur des couverts qui, faute de pluie, ont levé tardivement (mi-septembre). «Cette année, en plus de l’avoine et de la vesce, nous avons introduit du pois, du radis chinois et du colza fourrager, indique Michaël Floquet. Il est également prévu de pâturer des repousses de luzerne (3ème coupe) et du colza». Pour Alexandre Saunier, le couvert qui sera mis en place sur 30 ha cette fois, sera le même que l’an dernier, mais le chargement en brebis, qui sera calculé en fonction de la pousse automnale, sera réduit.