Rater une lutte de printemps, c’est une déconvenue qui arrive même aux meilleurs. Pour preuve, parmi les neuf éleveurs suivis en 2020 et 2021, celui qui enregistre le plus mauvais « score » (moins de 30 % de fertilité) était coutumier de bonnes performances.

" La variabilité au sein des neuf élevages regroupant près de 3 500 brebis est importante, note Laurence Sagot, de l’Institut de l’élevage/Ciirpo lors d’un webinaire Inn’ovin le 4 novembre. Les meilleurs atteignent 90 % de fertilité, tandis que d’autres obtiennent 60 %, voire moins."

De nombreux critères jouent un rôle dans la réussite. « À commencer par la race, poursuit l’experte. Les races rustiques et prolifiques désaisonnent plus facilement. Parmi les races bouchères, l’île-de-France, la berrichon du Cher et la charmoise, ont des prédispositions. Cela ne veut pas dire que d’autres races bouchères ne réussissent pas à désaisonner. En mouton vendéen par exemple, des éleveurs obtiennent de bons résultats. D’autres critères interviennent. » L’étude montre aussi que lorsque la date de mise en lutte est stabilisée, au 15 mars par exemple, la fertilité est meilleure (84,6 %) que lorsque la date varie d’une année sur l’autre (57,1 % de fertilité).

Risqué pour les agnelles

L’âge et le rang de mise bas sont aussi des facteurs déterminants. « Une étude de l’Inrae de 2022 montre que si les multipares parviennent à atteindre des taux de fertilité compris entre 80 et 100 % aussi bien en saison qu’en contre-saison, les agnelles en contre-saison dépassent à peine 50 %, observe Laurence Sagot. Les primipares sont à 70 % de fertilité, alors qu’en saison sexuelle les deux catégories de jeunes femelles obtiennent un taux supérieur à 90 %. »

L’intervalle entre la mise bas et la mise en lutte est un élément important. Lorsqu’il est inférieur à 80 jours, les résultats de fertilité sont médiocres (entre 10 et 40 %). Pour les luttes pratiquées 80 à 160 jours après la mise bas, la fertilité est assez homogène autour de 60 %. Au-dessus de 160 jours, le taux de fertilité atteint 80 à 90 %.

Autre critère à surveiller : l’état corporel. « Comme en saison sexuelle, les brebis notées 3 ou plus ont une bonne fertilité (>90 %). Le flushing n’est pas nécessaire, explique-t-elle. Pour les brebis en manque d’état (Nec<3), la reprise de poids favorise les bonnes performances. La date de naissance des brebis est un élément qui joue peut-être un rôle, mais cela reste à confirmer. » L’enquête a révélé que les brebis nées en été et à l’automne avaient enregistré un taux de fertilité de respectivement 84 % et 64 % alors que celles nées en hiver et à l’automne, la fertilité ne dépassait pas 50 %.