«Lorsque les brebis sont sous-alimentées pendant les six dernières semaines de la gestation, les problèmes apparaissent en cascade à partir de la mise bas », insistait Laurent Solas, de la chambre d’agriculture de Saône-et-Loire, le 26 novembre, lors de la journée technique ovine organisée par la chambre d’agriculture de Normandie à Envronville (Seine-Maritime). Les dernières semaines avant l’agnelage sont stratégiques, car l’agneau prend les deux tiers de son poids le dernier mois.
« Avec des rations déficitaires, les conséquences apparaissent dès la mise bas », poursuit l’expert, citant un essai réalisé au Ciirpo (1) où deux lots de brebis, conduits en parallèle, étaient nourris avec deux types de rations. La première couvrait 100 % des besoins, et la seconde était déficitaire de 20 %.
Premier constat, les agnelages difficiles sont beaucoup plus importants pour le lot en restriction alimentaire (+ 9 % par rapport au lot correctement nourri). « La couleur de l’agneau à la naissance est aussi riche d’informations, précise l’expert. Si le nouveau-né est blanc, c’est un signe positif. À l’inverse, une couleur marron témoigne d’une souffrance lors de l’agnelage. Cette coloration est due à l’expulsion du méconium (excrément accumulé dans l’intestin du fœtus) dans le liquide amniotique. »
Autre observation, les agneaux des brebis sous-alimentées se présentent moins bien et ils sont beaucoup plus légers à la naissance. Dans le cadre de l’étude, ces agneaux pesaient 4,1 kg en moyenne, soit 690 g de moins que ceux issus des brebis nourries à 100 % de leurs besoins. Ils étaient aussi beaucoup moins vigoureux. Le taux d’agneaux autonomes et très actifs pour les brebis sous-alimentées est inférieur de 30 % à celui des brebis correctement nourries.
Mortalité plus faible
« L’impact est considérable sur l’organisation du travail, ajoute Laurent Solas. Les agneaux plus faibles à la naissance demandent plus d’attention. Il faut les aider à téter et/ou parfois leur préparer un biberon de colostrum en plus. »
Dans le lot des sous-alimentées, 19 % des agneaux ont eu besoin d’une aide à la tétée, contre aucun agneau dans celui de brebis correctement nourries. Malgré tous les efforts de l’exploitant, la mortalité est plus élevée de 6 % pour le lot de brebis sous-alimentées.
L’équation pour construire les rations n’est pas toujours simple à résoudre car en fin de gestation les besoins augmentent alors que la capacité d’ingestion baisse. L’apport de concentrés peut être un bon calcul, sachant qu’avec une bonne organisation autour de luttes courtes et des contrôles de gestation, les apports sont davantage ciblés et le gaspillage limité. M.-F. M.
(1) Centre interrégional d’information et de recherche en production ovine.