Faute de fourrages de qualité depuis six mois, les brebis manquent d’état ce printemps (1). Une surveillance accrue des lots s’avère indispensable. Trier les plus maigres et les soumettre à un « régime de faveur » peut favoriser le maintien des performances technico-économiques du troupeau. « Une brebis maigre à l’agnelage, c’est 30 g de croissance en moins par jour et par portée », rappelle Laurence Sagot, de l’Institut de l’élevage-Centre interrégional d’information et de recherche en production ovine (Ciirpo).

1 Palper les animaux pour évaluer leur état

« Le milieu de la gestation et la phase avant la mise en lutte constituent deux périodes clés pour évaluer l’état du troupeau », souligne Laurence Sagot. Le palper au niveau du dos est incontournable. « L’aspect visuel peut être trompeur à cause de la toison. En pratique, le tri peut être très rapide lorsque les brebis sont bloquées au cornadis par exemple. Il suffit de libérer les “maigres”– ou l’inverse – pour obtenir deux lots différents. » Les brebis maigres sont celles qui obtiennent une note inférieure à 3, sur une échelle allant de 0 pour les très maigres à 5 pour les très grasses.

2 Préparer la mise à la lutte

Les femelles les plus maigres doivent impérativement reprendre de l’état avant d’être mise en lutte. « Les résultats d’une récente étude conduite au Ciirpo sur 2 600 brebis montrent que le taux de fertilité s’établit à seulement 53 % pour les brebis inséminées dont la note est de 2 en début de lutte. » Le chiffre dégringole à moins de 45 % pour celles classées 1,5. Pour celles notées 3 et 3,5, en revanche, les taux atteignent respectivement 66 % et 74 %. « Attention toutefois, les brebis grasses sont particulièrement fertiles, mais si elles n’ont pas agnelé lors de la mise à la reproduction précédente, elles sont restées improductives trop longtemps et doivent être réformées », souligne Laurence Sagot. Pour celles qui manquent d’état, la pâture d’une herbe feuillue (entre 5 et 10 cm) favorisera leur reprise de poids.

Autre point à vérifier pour les plus maigres : leur niveau d’infestation parasitaire. Les animaux sont restés longtemps sur les pâtures. Ils avaient des fourrages à disposition dans un râtelier puisque l’herbe n’a pas beaucoup poussé, mais ils ont pu se parasiter. Les coproscopies s’avèrent donc indispensables pour les animaux les plus maigres pour dénombrer surtout les strongles et la petite douve.

3 Sevrer plus tôt Les brebis en lactation

Ce printemps, il est inutile de complémenter les brebis en lactation. « L’herbe feuillue, avec plus d’une UF et 100 g de PDI par kg de matière sèche, est suffisamment riche. Le sevrage précoce, entre 60 et 70 jours d’âge des agneaux, soulagera toutefois les mères les moins en état. » Inutile de prolonger les lactations pendant quatre mois comme d’habitude. Les antenaises (nées en 2015) ou les vieilles brebis (nées en 2009 ou 2010), sont particulièrement concernées. Elles seront taries et leurs agneaux finis en bergerie.

Pour les lactations à l’herbe, la mise en place préalable d’un nourrisseur pour les agneaux facilite ce sevrage précoce. « Cette complémentation favorise la transition alimentaire, indique Laurence Sagot. Elle ne règle pas toujours les problèmes d’acidose, car la quantité d’aliment consommée par les agneaux au pâturage est très variable d’un individu à un autre. »

(1) Les brebis ont perdu de l’état depuis la sécheresse de l’été 2016, sans pouvoir reconstituer leurs réserves à l’automne puisque les repousses étaient limitées. Les rations hivernales n’ont fait qu’aggraver la situation, car les fourrages, récoltés dans de mauvaises conditions, étaient parfois de qualité médiocre (récolte tardive). Il semble que le taux de mortalité des brebis adultes au cours de l’hiver soit supérieur à la moyenne des dernières années.