Lorsque son oncle et sa tante ont transmis leur exploitation à Jérôme Burg, en 2004, ils possédaient près de trois cents brebis blanches du Massif central et une centaine d’hectares, bois et prairies compris. « Il me semblait que j’avais tout, se souvient l’oncle. En réalité, quand je vois le travail effectué par Jérôme, je me rends compte que je n’avais rien ! » Le jeune éleveur a acheté des terres, afin de cultiver des céréales et de la luzerne pour nourrir les brebis, mais aussi pour pouvoir disposer de prairies naturelles, qu’il fauche, et de parcours plus maigres, utilisés comme pâturages. Par ailleurs, il a renouvelé entièrement le troupeau en interne, par insémination artificielle (IA), pour garder uniquement des brebis lacaunes, moins rustiques mais plus prolifiques.
Jérôme élève désormais quatre cent soixante brebis lacaunes et garde chaque année cent dix agnelles pour le renouvellement du troupeau, issues d’IA en pure lacaune. Pour la production d’agneaux de boucherie, il possède dix-sept béliers rouges de l’Ouest et berrichons. Ils permettent d’obtenir des bêtes de bonne conformation, dont la vitesse de croissance est intéressante.
Dès 2007, l’éleveur a investi 240 000 € dans un nouveau bâtiment d’élevage de cinq cent quarante places pour les brebis, qui donnent sur deux tapis centraux de distribution d’aliments. Sur les côtés de la bergerie, un couloir latéral apporte cent huit places supplémentaires pour les agnelles de renouvellement, et un autre accueille les agneaux. En 2014, Jérôme a acheté un bol d’alimentation, pour 30 000 euros. Il lui permet de réaliser une seule distribution de nourriture par jour, contre deux auparavant. L’ancien bâtiment de la ferme sert désormais à stocker le foin, la paille et les céréales pour l’alimentation. « Je suis autonome en protéines avec ma luzerne, explique Jérôme. J’ensile la première coupe et je stocke la seconde pour en faire du foin sec. Les agneaux fermiers des pays d’Oc label rouge doivent être nourris avec les céréales de la ferme ou avec un aliment complet agréé. En 2016, j’ai testé cette deuxième formule et j’ai vendu mes céréales. Cela m’a facilité le travail. »
Trois mises bas par an
Jérôme a adopté un système accéléré de trois mises bas par an, en décembre, avril et août. À chaque fois, la moitié du troupeau agnelle. Un millier d’agneaux sont ainsi produits chaque année, dont neuf cents sont commercialisés lorsqu’ils ont atteint environ cent jours. La productivité est de 1,8 agneau par brebis, le double de la moyenne nationale. De fin mars à fin octobre, les brebis n’ayant pas de petit restent dans les prairies proches de l’exploitation. « Nous avons acheté une chienne patou qui les suit partout et les protège, ajoute l’éleveur. Si un danger se profile, elle éloigne d’abord les brebis, puis elle va voir de quoi il s’agit. Lorsqu’elle aboie, toutes les bêtes se regroupent autour d’elle. Et en journée, lorsqu’il ne se passe rien, elle dort au milieu du troupeau. Nous avons calculé qu’un tel chien nous coûte, en soins vétérinaires et en alimentation, l’équivalent de 1,50 euro par brebis. Depuis son arrivée, il y a beaucoup moins d’attaques de chiens errants. Sa présence est indispensable. »
Comme son oncle avant lui, Jérôme vend ses agneaux à la coopérative Unicor, qui les fait abattre par la société Arcadie, à Rodez, en Aveyron. Un point de collecte a été mis en place à Caylus, à quelques kilomètres de la ferme. Chaque semaine, l’éleveur repère les bêtes prêtes à partir et annonce sa future livraison. Le prix payé par la coopérative augmente depuis 2011. Il se situe à environ 120 € par tête les quatre dernières années. De septembre à novembre, les agneaux de contre-saison de Jérôme montent parfois jusqu’à 140 €. Le fait de produire toute l’année assure des rentrées d’argent régulières et une charge de travail mieux répartie. Le jeune éleveur réussit à passer 95 % de sa production en label rouge. « Je garderai ce type de conduite intensive tant que j’aurai des emprunts à rembourser pour mon bâtiment, mes terres et mon matériel, ajoute-t-il. Ensuite, je ralentirai peut-être un peu. »