« La pression sur nos troupeaux augmente depuis trois ans. L’impact sur les résultats est considérable », affirme Bertrand Teysseyre, à la tête d’un troupeau de tarasconnaises à Ilheu, dans les Hautes-Pyrénées. Il transhume notamment sur l’estive de La Courbe où sévit Goiat, un ours mâle, depuis deux ans (voir l’article « Une battue pour effaroucher un ours »).
Des agnelages décalés
Au-delà de la perte de brebis, les troupeaux en zone de prédation subissent un stress qui se traduit au travers des résultats techniques. Les brebis sont de plus en plus nombreuses à avorter en montagne par exemple. Résultat, elles n’agnèlent plus à l’automne à la descente de l’estive, mais l’année suivante en février.
« Avant que l’ours n’arrive, seulement 10 % de mes brebis étaient ainsi décalées, déclare Bertrand Teysseyre. Aujourd’hui, cela concerne 30 % de mon troupeau. Je suis obligé de racheter des brebis “calées” pour remonter en montagne », décrit Bernard Teysseyre.
« Des mesures difficilement applicables »
Un autre problème concerne les mesures de protection. « Les filets de protection pour les parcs de nuit sont difficilement installables, ajoute-t-il. La pente des estives est un frein à la mise en place, et les tarasconnaises qui portent des cornes peuvent se coincer dans les filets et se pendre, si elles sont affolées. »
Les exploitants de la Haute-Garonne et des Hautes-Pyrénées appréhendent désormais chaque matin l’appel du berger pour les alerter d’une nouvelle attaque pendant la nuit. « Cela représente une forte tension morale pour les exploitants de voir ses bêtes souffrir, insiste Bertrand Teysseyre. Les indemnités ne comblent pas ces traumatismes. »