Une trentaine d’éleveurs ont arpenté la montagne hier près de Luchon, sur les estives de Barousse entre les Hautes-Pyrénées et la Haute-Garonne, pour effaroucher Goiat, un ours mâle qui sème la terreur dans les troupeaux. « Il s’attaque aux moutons, aux vaches et aux chevaux », se désole Olivier Maurin, de la Fédération transpyrénéenne des éleveurs de montagne. Le prédateur pèserait aujourd’hui plus de 300 kg et il aurait dévoré un étalon il y a quelques semaines.
Lâché en 2016
L’animal a été lâché en 2016 sur le versant espagnol. Depuis, il se déplace du val d’Aran, en Espagne, jusqu’au versant français. « Il est encore équipé de balise GPS, mais les éleveurs ne sont jamais alertés de sa présence près de leur troupeau à l’avance », déplore Olivier Maurin. Depuis le printemps en tout cas, le tableau de chasse de l’animal désespère les éleveurs de la région, mais pas seulement. « Nous sommes tous concernés », ajoute Béatrice Soltero.
Comptable, Béatrice Soltero est venue hier prêter main-forte aux éleveurs pour repousser le prédateur. « Nous voulions aussi sensibiliser les touristes sur la situation, car si les éleveurs ne peuvent plus exploiter la montagne, les sentiers ne seront plus accessibles à personne. Les entreprises qui vivent du tourisme risquent de péricliter. J’ai une qualité de vie exceptionnelle ici, et j’aimerais en profiter encore longtemps. »
150 brebis tuées dans le Béarn
Olivier Maurin, s’inquiète pour le Béarn aussi, son secteur, où le lâcher de deux ours est attendu. « Les arrêtés ne sont pas encore sortis, explique-t-il. Mais nous les guettons de près. » Pour l’heure, les exploitants béarnais doivent faire face à des attaques répétées d’autres prédateurs depuis le printemps. Qualifiés de chiens errants, puis de chiens hybrides par le préfet, ces animaux ont déjà tué plus de 150 brebis. Les autorités, comme dans de nombreux départements, tarde à reconnaître l’implication du loup. « On se moque de nous », s’indigne Olivier Maurin.