Mercredi 4 avril, lorsque les agriculteurs de la Confédération paysanne se sont installés devant la préfecture de l’Ariège, à Foix, pour « questionner les membres de la mission d’expertise ours sur les prédations survenues lors de la saison d’estive de 2017 », la préfète, venue à leur rencontre, n’avait aucune nouvelle information à leur donner quant à la mise en place de cette mission.

« Nous avons organisé cette opération pour souligner le fait que nous n’avons toujours pas de réponse de l’État, depuis sa promesse, au début de décembre, de lancer cette expertise, explique David Eychenne, porte-parole du syndicat. Or, nos brebis montent en estive dans deux mois. »

Quatre mois sur le terrain

La Confédération paysanne a-t-elle bien fait de provoquer cette entrevue pour accélérer le mouvement ou est-ce un hasard du calendrier ? Le lendemain, lors d’un rendez-vous plus officiel, à l’initiative de la préfète, celle-ci a pu annoncer aux éleveurs et aux bergers que la mission d’expertise avait été lancée à la fin de mars. Un courrier venait de lui parvenir des ministères de l’Agriculture et de l’Écologie, qui mèneront conjointement l’enquête pendant quatre mois. Un premier rapport sera rendu à mi-parcours, à la fin de mai.

La mission fera un état des lieux de la situation sur l’ensemble des Pyrénées et évaluera, avec la profession, l’ONCFS et les associations environnementales, l’ampleur de la prédation et l’efficacité des moyens de protection.

« Nous aurions préféré que le travail se concentre sur l’Ariège où les dégâts sont les plus importants, souligne François Thibaut, un ancien berger qui s’installe comme éleveur de brebis à Bethmale. Nous espérons que le sujet ne tournera pas uniquement sur le projet de lâcher deux nouvelles ourses dans le Béarn. »

En 2017, 689 bêtes ont été indemnisées pour avoir été tuées par l’ours en Ariège, mais 900 animaux supplémentaires étaient manquants à la descente des estives. Certains éleveurs ne monteront pas leurs troupeaux cette année.

Florence Jacquemoud