La France présente une bonne disponibilité à l’export en orge brassicole, et ce en partie grâce à des rendements moyens élevés. Dans le cadre de son observatoire international, Arvalis - Institut du végétal l’estime à 7,3 t d’orge d’hiver par hectare, contre 3,5 t/ha chez nos concurrents internationaux. L’orge brassicole française présente donc un sérieux avantage.
Ce très bon résultat est dû notamment à la variété à 6 rangs Etincel qui permet d’obtenir d’excellents rendements. Lors de la récolte 2015, elle a été utilisée à 61 % par les producteurs français. « Avec une variabilité de seulement 34 %, le rendement de la ferme française est non seulement bon mais régulier », précise Benoît Pagès, ingénieur chez Arvalis.
La compétitivité est également assurée par la filière. Forte et bien organisée, elle rayonne au sein d’un marché de proximité et de débouchés locaux qui permettent aux producteurs de bénéficier d’un prix particulièrement intéressant, 90 % du prix Fob. On remarque tout de même qu’en moyenne, la mise en culture d’orge en France génère des coûts de production très importants, de l’ordre de 200 €/t. Une recherche lancée par Arvalis démontre que le couple main-d’œuvre/mécanisation pèse en moyenne pour 47 % du coût de production en France, bien au-dessus de ses concurrents.
Rentable pour l’instant
Malgré cela, la culture n’en reste pas moins rentable, puisqu’au total, le produit moyen dégagé par la production d’orge brassicole est de 220 € la tonne. « Un bon résultat qui risque de s’amoindrir à l’issue de la réforme de la Pac 2019. En effet, la poursuite de la convergence des aides Pac amorcée en 2014 équivaudrait à un prix payé aux producteurs d’orges brassicoles en diminution de 10 à 15 €/t sur la ferme type de l’observatoire d’Arvalis. Dans ce scénario, la culture deviendrait non rentable, toutes choses étant égales par ailleurs », s’alarme Benoît Pagès. Mais l’ingénieur rappelle que le paysage des marchés internationaux ne sera sans doute pas le même qu’actuellement.
Des solutions sont envisageables pour améliorer la compétitivité de la culture. À l’échelle de la structure de l’exploitation, il est possible d’améliorer le poste main-d’œuvre/mécanisation qui pèse lourd. « L’optimisation de ces postes doit se faire en adéquation avec la structure de l’exploitation. Si l’équipement est trop large et sous-exploité, il pourra être intéressant d’exploiter plus de terres (via un achat, un assolement en commun…). À noter que ces résultats sont issus d’un observatoire global et que chaque solution est à définir de façon individuelle ». Autre élément de réponse, la participation de la filière avec une recherche variétale continue permettant d’augmenter les rendements sans augmentation de charge. « C’est une filière en bonne santé et qui permet d’améliorer la compétitivité globale de la production d’orge au-delà de la sortie ferme », se réjouit Benoît Pagès. La filière est organisée, les variétés sont en bonne progression. Seul bémol : la prochaine réforme Pac. Avec une demande en bière à la hausse, la filière semble capable de relever ce défi !