Observatoire des marchés
La tension persiste sur les marchés oléagineux
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Les accidents climatiques ayant affecté le colza, le soja et l’huile de palme vont maintenir les prix à des niveaux élevés.
Le prix français du colza a battu des records ces dernières semaines. Cela résulte de l’effondrement de la production canadienne de canola en 2021, après une sécheresse et des chaleurs historiques ayant touché l’ouest canadien à l’été 2021. Ce n’est toutefois pas la seule raison.
L’huile de colza a bénéficié d’une forte demande de juin à novembre 2021, car les disponibilités en huile de tournesol étaient très limitées. Des stocks mondiaux de tournesol extrêmement faibles avaient, en effet, été hérités de la campagne précédente, après une mauvaise production en 2020.
Les récoltes ont également tardé, puis les agriculteurs de l’Union européenne (UE) et de la mer Noire ont été fortement réticents à vendre leurs tournesols en raison de prix jugés peu attractifs.
Enfin, la demande inélastique en huile de colza du secteur biodiesel due à l’approche de l’hiver, liée aux besoins en FAME-10 (1), a fortement soutenu les achats de cette matière et de colza par ricochet.

Ces éléments ont conduit le prix du colza à un record de 780 €/t le 7 janvier 2022 à Rouen ! Les prix du tournesol ont parallèlement progressé, jusqu’à atteindre un niveau déclenchant finalement les ventes des agriculteurs. Depuis un mois, ils se sont finalement stabilisés autour de 620-630 €/t à Saint-Nazaire (qualité oléique). Cette offre en tournesol concurrence maintenant le colza et pèse sur son prix.
Soutien jusqu’au printemps
La météorologie des dernières semaines a aussi contribué à soutenir les prix cet hiver. Le manque d’eau et de fortes chaleurs touchant le sud du Brésil, l’Argentine, le Paraguay et l’Uruguay ont affecté le soja.
Le potentiel de production attendu s’est amenuisé. Par ailleurs, des inondations ont frappé la Malaisie en décembre, ce qui a désorganisé la filière de l’huile de palme et a entraîné une réduction des volumes produits. Le soja a ainsi dépassé le niveau de 500 $/t sur le marché de Chicago, et l’huile de palme rendue UE a retrouvé des niveaux de prix records, au-dessus de 1 300 $/t caf Rotterdam début janvier.

Entre une huile de colza peu disponible, une offre en huile de tournesol abondante mais coûteuse, ainsi que des incertitudes sur l’offre en huile de soja et en huile de palme sur les mois à venir, les prix des oléagineux pourraient rester à des niveaux très élevés jusqu’au printemps. Ensuite, la fin des récoltes de soja et une production mondiale record de colza, à l’été 2022, devraient peser sur les prix.
(1) Ester méthylique d’acide gras, un biocarburant résistant aux températures négatives, et produit à partir de colza.
La forte croissance économique mondiale en 2021 a entraîné un rebond important de la consommation de pétrole, ce qui a fait grimper le prix du brut. De plus, le rétablissement progressif des transports a boosté la consommation de biodiesel et d’huiles, et la reprise de l’activité économique a fait remonter la demande industrielle (cosmétiques, chimie…).
Enfin, la réouverture des restaurants a soutenu la consommation alimentaire. Cela a aussi fait monter les prix des huiles à un niveau exceptionnel.
La reprise de l’économie ne devrait s’infléchir que très peu cette année, ce qui va continuer à soutenir les cours des oléagineux.