« Dans chaque secteur d’activité, le numérique est une source d’opportunités. Le monde agricole ne doit pas être déconnecté et doit savoir saisir les siennes. Il s’agit d’améliorer les systèmes. De fait, un suivi plus fin entraîne une vision plus fine.
Des atouts évidents
C’est une aide indéniable sur des points essentiels comme la reproduction ou la santé de l’animal. Au-delà des performances techniques, il y a des atouts pour l’attractivité de la profession. Ces technologies sont un appui bienvenu pour les débutants, tant les outils d’aide à la décision que les moyens de communication. C’est aussi une question de confort de travail, de bien-être de l’éleveur. Enfin, c’est une réponse à des demandes sociétales, en garantissant le respect de bonnes pratiques pour l’environnement ou les animaux, comme le suivi de pâturage ou la détection précoce de problèmes sanitaires.
La médaille et son revers
Il faut cependant savoir raison garder et s’assurer d’un rapport coût-bénéfice qui garantit un retour sur investissement, en termes financiers ou en qualité de vie. La dépendance à la technologie et à ceux qui la gèrent ne doit pas être oubliée. Si ça tombe en panne, qui s’en occupe ? Un service de dépannage réactif et performant est nécessaire, comme pour un tracteur.
Des aspects pratiques doivent être gardés en tête aussi, comme une infrastructure réseau pour remonter l’information, que ce soit en estive ou dans un bâtiment.
La question se pose du modèle économique pour le déploiement de ces technologies et notamment qui doit supporter le coût des équipements. Certains diront que c’est l’éleveur, d’autres que c’est la collectivité. Il n’y a pas un unique modèle économique, cela dépend du type d’investissement et des usages. L’installation et l’entretien de ce matériel demandent des compétences spécifiques. Certaines solutions sont belles sur le papier, mais dures à appliquer, pour des raisons techniques, économiques, ou posent des questions d’acceptation sociale et sociétale.
Il est aussi essentiel de s’interroger sur la pertinence des données en tant que telles. Notre rôle à nous, instituts techniques, c’est d’étudier et d’évaluer leur pertinence pour conseiller les utilisateurs en fonction des attentes et des usages. Il faut s’assurer que ces outils répondent à des besoins et soient développés à l’échelle adéquate. La question de l’accès et du partage des données est aussi à garder en tête.
Le juste équilibre
Enfin, l’impact environnemental des nouvelles technologies ne doit pas être mis de côté. Il y a des consommations de ressources pour la production des équipements et d’énergie pour leur fonctionnement. Au-delà de l’acquisition de données par les capteurs, elles doivent circuler et être stockées, avant d’être traitées. C’est potentiellement énergivore. D’où l’importance de définir précisément les besoins, ainsi que les modalités de traitement, mais aussi de définir le juste nécessaire en termes de données au regard des usages. La notion de « digital footprint » (empreinte environnementale du numérique) émerge aujourd’hui. Nous sommes attentifs à cette notion. Il y a des réflexions et des avancées pour tendre vers la sobriété numérique. Gardons une note d’espoir : le numérique en agriculture répond à des attentes et à des besoins, mais il faut trouver le juste équilibre et garder une approche critique du sujet. »