Les systèmes extensifs et herbagers ne sont pas forcément dénués d’outils high-tech. Depuis quelques années, des technologies émergent pour améliorer la valeur ajoutée des systèmes pâturant.
Il peut s’agir d’outils d’aide à la décision, comme de suivi et de traçabilité.
Chronopature, pour les laiteries et les éleveurs
Récompensé d’un Inel d’or à l’occasion du Space, Chronopature vise à offrir une solution pour attester de la durée de pâturage et obtenir une meilleure valorisation du lait par les laiteries. Cet outil, développé par le groupe Adventiel à travers sa filiale SGPI, repose sur des colliers connectés. Il suffit d’équiper deux animaux par troupeau laitier. Lors de la mise en route, l’éleveur cartographie ses parcelles dans la plateforme numérique. Les colliers, équipés de GPS, calculent automatiquement la durée passée dans les prairies par le troupeau.

Si cet outil est au service des laiteries, il est également pensé pour les éleveurs. Le carnet de pâturage est ainsi complètement automatisé. L’autonomie des colliers est d’au moins dix-huit mois. Ils économisent leur énergie en ne transmettant des informations que lorsque les accéléromètres détectent que les animaux sont dans une phase d’activité. En parallèle, Chronopature développe un module complémentaire, qui recoupe ces données avec les images satellites de Sentinel 2. Le logiciel estime la biomasse à chaque passage des satellites, tous les cinq jours. Le projet a piqué l’intérêt de nombreux éleveurs lors du Space et du Sommet de l’élevage.

L’entreprise envisage une offre directement à destination des exploitations, mais souhaiterait pour cela étoffer les services proposés. Les accéléromètres permettent d’acquérir des données exploitables à l’échelle de l’individu, mais l’idée reste d’équiper le moins d’animaux possible du troupeau. Des capteurs d’ambiance pourront cependant se trouver précieux pour obtenir des données utiles, tant lorsque le troupeau est en extérieur qu’au bâtiment.
Caméra et pâturage tournant
Copeeks développe des solutions qui reposent sur la combinaison de caméras et d’intelligence artificielle, initialement destinées aux élevages en bâtiment de bovins, comme de monogastriques. Un projet est actuellement mené sur un troupeau allaitant, pour optimiser le pâturage tournant dynamique. La caméra est positionnée sur un mât rotatif fixé sur l’abreuvoir, le point pivot de la rotation des paddocks. Un petit panneau solaire et une batterie assurent son fonctionnement. L’éleveur garde un œil sur le troupeau à distance.

Pour limiter le flux de données et les besoins en connexion haut débit, l’outil prend des photos suivant un intervalle prédéfini. Il peut, par exemple, s’agir d’une phase de 15 minutes d’observation, avec des photos prises chaque minute, avec un espacement de 45 minutes entre chaque phase. Une intelligence artificielle est capable de distinguer les animaux et de déterminer leur posture. L’idée est de compter le nombre de bêtes couchées ou debout dans différents zonages du paddock. La répartition des animaux met en avant l’hétérogénéité de pousse de l’herbe dans la parcelle. Lorsque la concentration des ruminants s’effectue dans une zone en particulier, cela révèle que le reste du paddock a un niveau d’herbe faible, et qu’il est donc temps de changer de paddock.

Les premiers résultats sont intéressants et correspondent aux attentes des éleveurs. L’entreprise poursuit donc ce champ d’étude. Elle a ainsi prévu d’étudier, à la prochaine saison de pâturage, si le comportement exprimé par les animaux correspond à une utilisation optimale de la ressource en herbe. À titre d’exemple, l’observation de la proximité des animaux avec les clôtures pourrait révéler qu’il est temps de passer au paddock suivant. Le système de Copeeks va également être relié à un compteur d’eau sur l’abreuvoir, pour faciliter le suivi de cette donnée. L’objectif est notamment de limiter les déplacements inutiles pour l’éleveur vers des parcelles éloignées.
Gildas Baron