Avec la télématique, vos opérations, votre style de conduite et même vos préférences de réglage de la suspension de cabine n’auront plus de secret pour votre concessionnaire. Alors que de nombreuses informations sur le tracteur remontaient automatiquement lors des opérations en atelier, grâce aux valises diagnostic, il est désormais possible de surveiller l’ensemble des paramètres à distance sur les modèles équipés de la télématique.

Mais tout cela ne peut pas se faire sans votre consentement et certains agriculteurs hésitent à libérer cet accès, de peur que cela se retourne contre eux, en particulier pour les garanties. En effet, en cas d’anomalie, le constructeur est en mesure de télécharger l’intégralité des données de l’engin.

Tout est enregistré

L’expérience des essais de tracteurs réalisés par La France agricole nous montre le niveau de précision auquel les concessionnaires et constructeurs ont accès. Comme il s’agit de tracteurs de prêt, nous acceptons volontiers de partager nos données avec la télématique. Il devient fréquent que les constructeurs contestent des résultats avec des arguments tels que « pour ces travaux le mardi matin, vous n’avez pas paramétré correctement le superviseur de sous-régime, ce qui a entraîné une surconsommation ». Certes, les concessionnaires ne passent pas leur temps à analyser les comportements des clients mais cela montre à quel point il devient facile, à distance, de tout savoir sur vos pratiques.

Les données ont une valeur

Peut-on alors refuser de partager les informations de la télématique ? Oui, répondent les constructeurs mais il n’y a alors plus d’intérêt à être équipé de la sorte. Seuls les agriculteurs dont les engins embarquent la télématique en standard, comme les automoteurs de manutention et les tracteurs haut de gamme, alors qu’ils n’en voient pas l’intérêt, peuvent être tentés de refuser le partage des données. Pour les autres, la maintenance prédictive et le dépannage à distance offrent des bénéfices avérés dont il serait dommage de se passer. La technique qui semble la plus invasive, c’est-à-dire celle de la visualisation du terminal, voire la modification des réglages en direct, demande une autorisation au chauffeur à chaque connexion. Concessionnaires et constructeurs ne sont d’ailleurs pas les seuls à être concernés par cet encadrement des données personnelles. Les agriculteurs sont ainsi tenus d’informer leurs salariés par écrit s’ils utilisent ces technologies pour surveiller leur travail.

Le partage des données et leur collecte par les constructeurs offrent aussi un intérêt collectif pour la réalisation de bases de données sur les pannes et les erreurs d’utilisation. Plus le nombre de cas d’usage est important, plus les logiciels qui équipent les services après-vente seront efficaces et rapides dans le diagnostic ou l’anticipation d’une panne sur votre matériel.