Augmenter le revenu, c’est l’enjeu majeur pour les filières et le gouvernement, quelques semaines après les importantes mobilisations des agriculteurs. Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée à l’Agriculture, était en visite, le lundi 29 avril 2024, en Haute-Garonne, pour parler rémunération et, en particulier, applications des lois Egalim.

En la matière, elle n’a pas tergiversé : « Chacun doit prendre sa part, y compris les collectivités locales ! » s’est-elle exclamée. Selon ses chiffres, seules 20 % des collectivités de l’Occitanie sont inscrites sur Macantine.gouv.fr. De même, Maguelone Pontier, directrice du Marché d’intérêt national de Toulouse, a soulevé : « Il y a des restaurations collectives privées avec lesquelles on travaille très bien, mais on a du mal à changer de braquet. »

« Amorcer la pompe »

Les producteurs locaux espèrent eux aussi un changement d’échelle dans les achats de la restauration collective, notamment publique. C’est ce qu’ont dit plusieurs d’entre eux à la ministre déléguée lors de sa visite des locaux de Produit sur son 31, association de producteurs créée par la chambre d’agriculture pour les aider à répondre aux marchés publics.

Serge Bouscatel, l’un de ses initiateurs, assure : « Aujourd’hui, nos plateformes souffrent car elles n’arrivent pas à amorcer la pompe. » Espérant une évolution dans la future loi « Egalim 4 », Sébastien Albouy, président de la chambre d’agriculture de la Haute-Garonne, enfonce le clou : « Il faudrait que le local soit intégré dans Egalim. Toutes nos productions ne sont pas sous signes de qualité et donc, ne peuvent pas bénéficier d’Egalim. »

Illustration par l’exemple, puisque Agnès Pannier-Runacher a visité les locaux de Yeo, une usine qui conditionne la « Brique Rose ». Ce lait 100 % local est rémunéré 5 centimes de plus par litre aux éleveurs. Florian Leguay, président de l’association des éleveurs de la Brique Rose, regrette : « Pour pouvoir rentrer dans Egalim, on a dû se faire certifier par Max Havelaar. » Avec, donc, des coûts supplémentaires.

« On va continuer » contre les centrales d’achat européennes

En réponse, Agnès Pannier-Runacher a montré son attachement aux signes de qualité, tout en admettant que des « ajustements » pouvaient être envisagés. Elle assure : « Quand un territoire s’organise, on a toutes les raisons de penser qu’on peut donner de l’alimentation de qualité et une bonne rémunération. »

Voulant marquer que l’État fait « sa part », elle rappelle que 1 400 contrôles ont été effectués depuis janvier 2024 chez les fournisseurs, concernant la bonne application d’Egalim. Faut-il alors augmenter le nombre de contrôleurs, comme l’ont suggéré deux députés, lors d’une mission d’évaluation récente ? « Nous voulons plutôt former les équipes, les doter d’outils pour permettre de faire plus avec autant de contrôleurs », répond la ministre déléguée.

Ces deux parlementaires avaient également mis en avant le problème des centrales d’achat européennes qui contournent Egalim. Agnès Pannier-Runacher souligne que, dans le procès qui oppose l’État à Eurelec, la justice française s’est déclarée compétente. Donc, assure-t-elle, « on va continuer à donner des amendes et à aller en justice ».