En visite auprès des agriculteurs de l’Aude ce jeudi 14 août 2025, la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard a voulu témoigner de son « soutien indéfectible à la profession » après le violent incendie qui a parcouru 16 000 hectares et en a brûlé 13 000 dans le massif des Corbières. « J’ai tenu à apporter à l’ensemble du monde agricole, la viticulture bien sûr mais aussi toutes les autres activités agricoles, l’expression de la solidarité nationale avec un fonds d’urgence de 8 millions d’euros qui servira à indemniser à la fois les pertes de récolte, les pertes de fond, et puis la destruction des bâtiments et de matériel agricole. S’y ajoutera un dispositif fiscal qui permettra d’exonérer aussi les taxes foncières, tout cela à la main des préfets », a déclaré Annie Genevard.
Des exonérations de cotisations et un fonds d’urgence
« Un million d’euros est ciblé pour la MSA, qui opérera en échange des exonérations sociales auprès des agriculteurs et sept millions alimenteront un fonds d’urgence à destination des agriculteurs », précise le président de la Chambre d’agriculture de l’Aude, Ludovic Roux. Lui espère que ces aides pourront être versées « d’ici la fin de l’année ou en début d’année prochaine », alors que les vendanges devaient commencer, dans cette région majoritairement viticole.
Pour répondre aux cas les plus critiques, Annie Genevard a assuré « qu’une avance, [allant] jusqu’à 10 000 euros, pourra être délivrée dans les 15 jours qui viennent aux producteurs qui sont dans une difficulté particulièrement aiguë, de façon à pouvoir faire face aux obligations qui sont les leurs ». Pour en bénéficier, Ludovic Roux appelle les agriculteurs concernés à se signaler au plus vite soit directement à la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM), soit à la chambre d’agriculture, qui se chargera de faire remonter leur dossier aux services de l’État.
Un bilan encore provisoire
Dans la zone, l’heure est encore au recensement des dégâts. Commencé le 5 août, le feu n’a pu être maîtrisé que 10 août et ne sera pas « éteint avant plusieurs semaines », a expliqué à l’AFP le colonel Christophe Magny, chef du service d’incendie et de secours de l’Aude. D’après la chambre d’agriculture, 2 500 hectares ont été touchés par l’incendie, dont environ 1200 hectares de vignes. Selon l’AFP, une vingtaine de hangars agricoles ont également été dévastés par les flammes.
Une vingtaine d’éleveurs étaient installés sur le territoire de l’incendie. « Au sein de la chambre d’agriculture, on a reçu plus de 100 appels de personnes sinistrées. Entre 10 % et 20 % devaient être des non-vignerons et une dizaine des éleveurs », détaille Ludovic Roux. De son côté, la confédération paysanne de l’Aude précise que les deux principaux élevages de la zone ont été frappés. Au total, ils comptaient environ 450 moutons. « De plus petits troupeaux ont également été touchés à la marge », précise Yann Vétois, porte-parole du syndicat.
Un paysage « de terre et de cendre »
Emmanuelle Bernier, installée depuis treize ans à Fontjoncouse, fait partie des éleveuses concernées. Quand le feu a atteint son exploitation, elle a pu se mettre à l’abri chez des voisins. Mais à son retour, elle découvre un paysage « de terre et de cendre ». « Les troncs étaient noirs et nus. Par terre, c’était tout blanc. C’était choquant. Il n’y avait plus rien pour pâturer », décrit-elle.
Sa ferme a été ravagée par les flammes et les pompiers n’ont pu sauver que sa maison d’habitation. « J’ai perdu tous mes outils de travail. Je n’ai plus de pâturage, toutes mes clôtures ont fondu », raconte-t-elle. Elle possédait 15 brebis, 15 chèvres, quatre vaches et deux ânes. Grâce à la solidarité des autres éleveurs, elle a pu récupérer des bottes de foin afin de nourrir ses animaux avant de les transférer vers d’autres domaines.