Le 22 février 2023, le ministre de l’Agriculture a présenté à la presse ses ambitions, à seulement quelques jours de l’ouverture du Salon international de l’agriculture (Sia). Une édition qui sera placée, selon lui, sous le thème de la reconquête de la souveraineté alimentaire française.
« Produire de l’alternative plutôt que de l’impasse »
Première priorité pour le ministre : maintenir les outils de production. « Au moment des crises, nous avons conduit des politiques qui ont permis de garder une capacité de production », souligne-t-il, en référence au plan de soutien à la filière avicole face à l’influenza aviaire, au plan grêle, ou bien encore au plan de résilience Ukraine. « C’est aussi ce que nous allons faire sur les betteraves », précise-t-il.
Sur la question de la suppression de certains produits phytosanitaires, Marc Fesneau est clair : « Il faut produire de l’alternative plutôt que de l’impasse. » Le ministre regrette notamment le travail en silo des différentes instances, comme l’Anses, l’Efsa, l’Inrae ou les instituts de recherche. « Si on veut réussir la transition sur les produits phytosanitaires, il faut que tout le monde s’aligne. […] J’aimerais que tandis qu’on cherche la toxicité de telle ou telle molécule, on cherche aussi des alternatives. Cela ne peut pas être désynchronisé. L’interdiction ne produit pas la solution. »
« On a construit un système qui fait dépendre la survie d’un certain nombre de filières à la dérogation que l’on donne ou pas », regrette le ministre.
« Pas d’agriculture sans eau »
Deuxième priorité pour Marc Fesneau : le dérèglement climatique. S’il rappelle que l’adaptation des systèmes de cultures vers plus de résiliences thermique et hydrique est nécessaire. Le ministre insiste aussi sur la question de l’accès à l’eau : « Je refuse tout débat autour de la privatisation de l’eau. Lorsque les agriculteurs prennent de l’eau, c’est pour nous nourrir. C’est d’intérêt général, rappelle-t-il. Il n’y a pas d’agriculture sans eau. »
La mise en service de soixante des trois cents projets d’ouvrage hydraulique pré-identifiés lors du Varenne agricole de l’eau est prévue pour juin.
« Aujourd’hui, 7 à 8 % des eaux usées sont réutilisées. Nous devrions pouvoir faire plus, confie le ministre. Un projet de décret, en collaboration avec le ministère de la Santé, est prévu d’ici à la fin du mois de mars dans ce sens. […] Il faut également remobiliser les surfaces en eau déjà existantes. Les ouvrages déjà existants ou les surfaces en eau envasées, poursuit Marc Fesneau. Environ 30 % d’eau supplémentaire est mobilisable sur ces ouvrages. »